Une seule pièce, un studio, juste au dessus des bureaux, une ancienne école réhabilitée que ce vieil homme du voisinage a jadis fréquentee (et comme il en était fier !). Au bout d’un petit couloir faisant office d’entrée, le coin cuisine et sa batterie de casseroles et poêles, que l’œil denombre rapidement avant de percuter la niche de rangement, où d’autres récipients cohabitent avec leurs couvercles. Eponge, liquide vaisselle, torchon, l’égouttoir sur l’évier inox, deux plaques vitrocéramique, ce serait bien suffisant. Ce qu’on ne voit pas d’emblée, qu’on devine derrière la paroi vitrée des étagères en hauteur, restes de sel, pâtes, riz, diverses céréales laissées par les anciens locataires qui ont sejourné ici. A droite, le lit, où elle vient de s’allonger un instant, un placard dans un renforcement, portes fermées, et la salle de bain, qu’elle a visée juste avant, baignoire, lavabo, wc, machine à laver, bidon de lessive de toute évidence vide. Devant le lit, une table longue, en bois couvert de laque blanche, écaillée, un set de table, un compotier, six chaises lourdes en fer, tapissées de coussins rembourrés comme faisant corps avec le métal, parfaits pour longue assise devant l’ordinateur. Ce serait ici plutôt que sur le petit bureau dans l’angle. Ce serait ici que l’autrice écrirait. Ici qu’elle entrerait dans le vif. Dans la chair des personnages. Elle serait dos à l’une des deux fenêtres à moustiquaires, celle aux volets ouverts (l’autre, ils semblent bloqués). Elle laisserait entrer la lumière de l’aube,, éclatée sur les murs couleur brique (tiens un gecko tout là-haut), diffractée. Elle n’occulterait rien. Elle se lèverait tôt, regarderait l’éveil de la nature à travers la vitre finement grillagée. Elle ne sortirait pas tout de suite, elle se laisserait le temps. Peut-être plus tard. Peut-être écrirait-elle avant ou après sa promenade matinale. Peut-être que l’écriture s’en verrait changée selon qu’elle sorte avant ou après, selon la couleur du ciel et les êtres croisés dehors. Cette attention portée au précoce et à l’éphémère, comment cela influerait-il, influencerait-il son écriture, c’est ce qu’elle demandait, toujours allongée sur le lit avant même d’avoir ouvert sa valise, déballé ses affaires, installé son ordinateur.
On découvre le lieu avec des notations précises et puis d’un coup la lumière qui entre et l’écriture qui vient.
« Ce serait ici que l’autrice écrirait. Ici qu’elle entrerait dans le vif. »
» Elle laisserait entrer la lumière de l’aube,, éclatée sur les murs couleur brique (tiens un gecko tout là-haut), diffractée. Elle n’occulterait rien. »
Cela me touche. Merci.
Merci à vous
Avec les conditionnels s’ouvre un récit. On y est avec elle à ce moment là.
Surtout que tout le monde écrit ici 😉
l’impression d’un terreau fertile (et ancré aussi)
Oh oui, y écrire est un plaisir