18 h 00 à la pendule. Un cœur en tissu imitation peau de crocodile-doré est attaché à la queue d’un chat en bois d’olivier, art martial de longue vie, bien-être, énergie, équilibre, c’est écrit sur le papier à côté du chat, le tapis de souris rond et rose n’est pas loin du chat, une femme est debout devant son ordinateur, ses doigts frappent le clavier, le son est vif et rapide, sur le bord de la fenêtre rien ne bouge, les cactus à têtes de lapins et de chats sont sages, un cactus lapin a deux queues et quatre oreilles, il ressemble vraiment à un lapin, un cactus chat a trois queues, une grosse oreille, il ressemble vraiment à un chat, sur le canapé marron un châle rouge, debout devant l’ordinateur la femme ne frappe plus, elle prend un gros stylo à quatre couleurs, elle enclenche le curseur rouge, trace un grand trait rouge sur un grand cahier, tape à nouveau sur son clavier, lance sa jambe droite sur son bureau, le bureau est dessus de bahut, devant le pied de la jambe droite posée sur le bahut-bureau il y a des livres rangés verticalement, de chaque côté de la douzaine de livres deux gros cailloux empêchent les livres de glisser à l’horizontale, des marque-pages dépassent de leur horizon, la femme ne frappe plus sur le clavier, elle retire sa jambe droite du dessus du bahut-bureau devant les livres, s’éloigne, regarde la pendule, il est 18 h 10 puis revient devant son bahut-bureau, elle y lance sa jambe gauche, son pied gauche touche une lampe blanche décorée art nouveau, elle continue de frapper sur son clavier, sa seule jambe droite est posée sur le sol carrelé beige pas salissant. Dans l’espace derrière elle et devant le canapé, il y a une table basse, le dessus est en verre, le cadre de bois est peint en vert, sur le mur derrière le canapé, un grand tableau, une tête d’indien avec des plumes, juste à côté un autre grand tableau, le visage d’une Indienne, ils sont colorés-joyeux dans un grand cadre blanc, sur le mur au-dessus du bureau-bahut là où la femme frappe encore sur son clavier, un troisième grand tableau au cadre blanc avec à l’intérieur une madone les yeux baissés sur la tête d’un nouveau-né. Le téléphone sonne. Les deux pieds sur le sol la femme répond — je ne pourrai pas ce soir — le tapis de souris rond est toujours rond, les livres n’ont pas bougé, les cactus chats et lapins sont encore sur le rebord de la fenêtre, la lampe est maintenant allumée, l’heure de la pendule est toujours en mouvement. Il est 18 h 30. Il sait maintenant qu’elle ne sortira pas ce soir. Doucement il referme la porte.