Elle serait de dos. Les couleurs seraient vives, la lumière envahirait la pièce. Elle serait assise à la table de la salle à manger. Au-delà d’elle, la table octogonale en bois, oui octogonale, avec ses rayures du temps de cette table de plus de cinquante ans, tant de coudes posés, tant de conversations, les journaux du jour encore intacts, la petite table en bois, et devant elle le buffet vieux style, avec les angles en carré et puis la chaise recouverte en tissu de tapisserie beige et la porte de la chambre d’amis qui serait ouverte, on entreverrait le fauteuil rouge en style anglais en biais, derrière l’angle et en diagonale le meuble en bois, celui qui aurait été de Ninni, la sœur de nonna Anna, dans une autre ville, une ville du sud et qui aurait voyagé après, après la mort de Ninni, dans un camion, jusqu’ici, et on reverrait la chambre à manger, l’abat-jour accroché au mur et l’ampoule visible, et puis la fenêtre en bois et au-delà, suspendu vers le ciel, le filet pour éviter que le pigeons ne rentrent dans la cour, ne nichent dans l’immeuble, les contours de l’immeuble et, au-delà du filet ; le ciel, les contours géométriques de quelques bâtiments de la ville Renaissance et encore l’autre abat-jour et la porte du couloir, la grande porte en bois, peinte en blanc, la porte qui claque fort quand il y a le courant d’air, et la chouette bleu en plastique avec les lunettes posées, le tiroir ouvert avec tout qui déborde, le petit cahier de cuisine et tout le reste, les tableaux en aquarelles claires et sur le grand buffet les petits papas Noël et les chocolats, les livres, les cartes postales, les lettres, les cartes de Noël, elle ouvrirait son porte-lunette pour en sortir ses lunettes à la monture noire, squadrata, carrée comme elle pourrait l’être, sa main qui s’avancerait et prendrait La Repubblica.
Beaucoup de détails dans votre texte, j’aime.
J’aime aussi le passage autour de la table octogonale, son vécu.
La porte entrouverte, tout ce que pourraient raconter des portes entrouvertes.
Voyager en camion.
Le tiroir qui déborde.
Merci.
Merci Annick pour ces repères dans ce texte.