#anthologie #02 | devant la porte

Je me vois me voyant. Je serais dos à la porte fenêtre qui ouvre sur le petit balcon où se prennent les déjeûners d’été. Ma main quitte la poignée métallique de la porte d’accès de la cuisine. Je me détourne vers l’intérieur. Chauffe eau elm Leblanc, réfrigérateur, four électrique encastré entre les placards de bois bruns, trois plaques avec brûleurs au gaz, une plaque électrique, deux éviers en inox, les murs apparents recouverts de carreaux de grés bruns orangés, les deux pans vitrés de la porte fenêtre, un chauffage surmonté d’un poste radio d’où s’échappe le son d’une voix, une table recouverte de toile cirée pouvant accueillir quatre personnes.

Je me vois me voyant. Je serais face aux carreaux de verre orangé de la porte d’accès de la cuisine. Ma main se saisit de la poignée métallique. Le soleil se couche au-delà des pans de de la porte fenêtre qui ouvre sur le petit balcon où se prennent les déjeuners d’été. Ses rayons caressent l’inox des éviers. Balayent les brûleurs et la plaque électrique. Remontent le long du four et du réfrigérateur pour venir se fondre dans le métal blanc qui recouvre le chauffe eau elm Leblanc. Ils embrasent un à un les carreaux orangés de la porte d’accès devant laquelle je me tiens.

Soudain la lumière. Un brasier lumineux s’empare des carreaux orangés de la porte d’accès de la cuisine. Sa mère vient de lui apprendre un secret. Dans son dos, le soleil se couche au-delà de la porte fenêtre. La main appuyée sur la poignée métallique, le monde n’est plus tout à fait le même. Elle referme les yeux sur la lumière mordorée.

A propos de Stéphanie Buttay

L'écriture accompagne depuis toujours ma pratique du dessin et de la couture. Voire, elle les précède : création de livres d'artistes notamment avec l'ami poète Werner Lambersy. Représentée au Musée de la création Franche à Bègles et au Prieuré Saint Cosme pour le Livre pauvre, j'ai publié aux éditions du Carnet du dessert de lune et dans la revue Cabaret.

2 commentaires à propos de “#anthologie #02 | devant la porte”

  1. Le texte se construit , de dos puis de face puis dans la lumière de ce qui est révélé.
    C’est réussi.

  2. Merci beaucoup Françoise. J’avais une caméra embarquée, mais on ne sait jamais si ça passe jusqu’au lecteur, alors merci.