Un tunnel vertical, un mur fait d’images, propre à chacun, partagé par tous, ni public, ni privé, lieu sans lieu des écrans et des flux dont les télécommandes ne changent rien. La caméra qui chercherait à en faire le panoramique ne peut rien voir d’autre que le miroir trompeur des caméras livrant les images du mur, des images d’images d’images l’enfermant, lui, elle, comme les autres, prisonniers du bâtiment Vortex de la forteresse Europe. En boucle, le flux continu du tunnel vertical ne lisse qu’un unique paysage : l’expert sachant au centre à distance du chaos qu’il fabrique. Comme pour masquer son hybris. Comme pour tout faire comme s’il ne s’agissait pas, encore, toujours, de la vieille guerre des riches contre les pauvres. Il, elle, tente de résister, de mettre des noms sur les listes des victimes. Le tunnel vertical l’interdit. Il, elle, liste les listes. Aux Amériques, en Afrique, en Asie, en Asie de l’ouest, en Europe, en Méditerranée. 9 947, 15 438, 7 386, 2 897, 1 167, 29 922. Deaths during migration.
Incroyable texte ! Je suis saisie.
Merci
Merci à vous Françoise de votre passage et de vos textes. Je crains malheureusement qu’en cette période je ne peux rien écrire d’autre que des billets d’humeur (mauvaise) quelle que soit la consigne. Merci de votre compréhension.
Belle force implacable de ce texte. Merci Ugo
Saisissant. Quelle force. Consigne en billet d’humeur bien nécessaire ( il faut pouvoir) j’aurais aimé .
Merci Élise, merci Nathalie. Politiser est une force plus facile à manier. Une facilité qu’il m’est impossible d’écarter en général , encore pire en ces jours. Pouvoir dire sans être trop explicite, trop simple, est certainement plus riche, plus subtil. Mais je ne sais pas faire. Qu’importe du reste : dans tous les cas, l’essentiel c’est que tous les cris convergent.
lu à haute voix (en fait murmuré mais vocalisé) en communion
Merci