Il est au milieu du pont c’est chez lui il est au milieu d’une flaque d’eau il pleut il semble marmonner et au-dessus du sourcil gauche le sang coule il a une tête on dirait d’étranger mais pas tant que ça il est un peu recroquevillé sur lui-même c’est la nuit une nuit brillante mais ciel noir à sa droite une vieille maison aux murs gris des tags noirs la plaque mais on ne distingue pas le nom sous le pont une rue à sens unique où les voitures filent feux allumés aveuglants après la maison un autre pont noyé dans la nuit qui rejoint un troisième pont parce que le train la rue à sens unique et la rivière pas d’herbe ni d’arbre près de l’eau un décor de béton les berges en ciment allant d’une barrière à l’autre une ombre agitée peu distincte et sur le lampadaire allumé des habits flottent ce serait comme un drapeau l’eau de la rivière scintille les grosses gouttes d’eau y tombent créant des diamants sur la gauche une maison terne sur le mur est écrit en blanc mama trois fois mama mama mama un sifflement bruyant et un train arrive sous le pont où il vient de se coucher trempé de pluie cheveux collés les mains ouvertes dans sa solitude absolue
lu à minuit une…ce n’est pas possible…c’est absolument possible et insupportable, insoutenable et pourtant.. sous nos yeux. Notre impuissance. Merci, merci, merci.
je venais juste de le mettre. Merci d’avoir lu, déjà. Quand j’aurai pris le rythme, j’irai lire les autres participants. A bientôt, Eve.
J’ai l’impression que le « pont noyé dans la nuit » est la clef de ce très beau texte qui crée en quelques phrases une atmosphère, un décor, presque une histoire.
Merci, Laure. Ça fait plaisir d’être commentée. On va tenir jusqu’au bout !