En boiseries cirées sur tout un mur, des placards comme dans un bateau, et au bout sur le petit côté de la chambre, à la fenêtre, un rideau de toile de marine, sur l’autre mur un bureau encastré, un lit bateau, une table de chevet avec une lampe, des lunettes d’enfant à grosses montures, on a laissé la porte ouverte. Les boutons des placards sont ronds, un plafonnier tendu de blanc envoie une lumière de même couleur, dehors il fait nuit, sur le bureau des livres de classe, une petite voiture, sur les étagères au-dessus du lit des monstres et des merveilles, et une statuette pieuse, sur le lit une courtepointe en tissu écossais, depuis le couloir proviennent les sons assourdis de la télé que le père (l’oncle) regarde dans le salon. Ils sont trois enfants dans la chambre, tournant le dos au mur-placard, agenouillés devant le lit, il y a une femme aussi, les mains jointes et ne regardant plus ni le monde derrière le rideau qui ferme la fenêtre, ni la maquette en papier sur le bureau à côté du compas, ni la carte postale du Chili posée sur l’étagère devant quatre tranches de livres, où les lettres blanches se détachent sur un vert d’eau, ni la couverture d’Astérix chez les Bretons posée en travers de l’oreiller, ni même la statuette en faïence de Quimper représentant sainte Anne, coiffe comme une couronne d’or, cape bleu marine enveloppant aussi la petite Marie, les mains sur les épaules, robe blanche semée de petits points, de feuilles, trois enfants et une femme se concentrant sur leurs mains jointes, quelques minutes hors du temps, la prière du coucher, le frère, la cousine et la sœur, et la grande personne, prononçant à voix haute et presque à l’unisson, elle un peu en avance, des paroles consacrées. Avant la solitude où chacun dans son lit serait livré à lui-même, à ses pensées mobiles, à ses doutes à venir.
Beau texte.
Beau l’univers, le décor que vous nous donnez à voir.
Beau « les idées mobiles ».
Ça me fait plaisir que ça vous ait plu.