A droite de la porte blanche découpée en son centre par une verrière opaque, six jeunes adultes en noir et blanc, figés depuis de nombreuses années, cheveux hirsutes et arborant une arrogance concentrée pour la circonstance, seraient punaisés sur le mur. Ils côtoieraient les fab four à moustache et costumes colorés qui auraient le privilège d’être encadrés juste à leur droite au-dessus de la batterie qui reposerait sur un tapis « impression souche ». J’oublie, le mur serait blanc lui aussi et, peu après, bifurquerait à 45 degrés dévoilant un panneau de végétation synthétique d’où jailliraient quelques fleurs blanches. En dessous de ce tapis de verdure d’un mètre carré environ, un meuble blanc divisé en quatre loges dégorgerait de livres sur la musique, populaire et savante. Sur un flanc du meuble, un carcois garni de baguettes, de sticks, de fagots, de balais, de mailloches, composés de différentes matières tel que le bois, le plastique, le fer, avec des têtes rondes, carrées, recouvertes – ou non – de feutre ou de flanelle ou de caoutchouc, ferait face à un piano blanc sur lequel jouerait un homme d’une cinquantaine d’année portant une chemise à fleurs bleues rentrée dans un jean. L’homme, légèrement vouté, semblerait absorbé. Serait-il pénétré par l’étude ou aspiré par les photographies maritimes trônant sur la tablette de l’instrument à côté de l’harmonica diatonique de l’arrière-grand-père ? Une lampe de chevet en acier ressemblant à un champignon plat munie d’un variateur éclaireraient les doigts posées sur la zébrure traversant le clavier. A droite une fenêtre verticale et rectangulaire diffuserait une lumière tamisée par le store vénitien d’aluminium blanc. Nouvelle bifurcation et une longue ouverture horizontale fendrait le mur opposé à la porte blanche découpée en son centre par une verrière opaque. Sous l’ouverture, d’une longueur égale, une planche de hêtre rouge servirait de bureau où serait disposé un ordinateur portable, un écran 22 pouces, un switch 2 ports, deux enceintes KRK reliées à une carte son, des photographies de famille dans des cadres blancs, aluminium, bois, horizontaux ou verticaux et de tailles variées, des revues et magazines sur l’actualité, la musique, le vélo, des livres de poésie, la dernière bande dessinée de Manu Larcenet adaptant le roman La route de Cormac McCarthy, des cartes IGN Top 100 tourisme et vélo numéro 169, 162, 163, 161 et 168, des livres consacrés à des photographes dans la collection photo poche, les 40 exercices pour le carnet d’écrivain fraichement reçu, des lunettes de soleil, un paquet de mouchoirs, un carnet de notes, un trousseau de clés avec sifflet et un badge pour la salle de sport, deux disques durs. Sous le bureau seraient glissés un ampli pour guitare basse, une tour d’ordinateur et un meuble à cinq tiroirs. Angle droit et nouveau mur s’ouvrant sur une fenêtre verticale et rectangulaire, qui répondrait symétriquement au mur opposé, diffusant une lumière tamisée et filtrée par les lames d’aluminium blanc d’un store vénitien. Puis quatre étagères de bois blanc où s’entasseraient pêle-mêle des centaines de livres. Dans le prolongement, un placard dont la porte serait tapissée d’un papier peint orné de mésanges charbonnières ou bleues posées sur des branches fleuries où volèteraient, ici et là, quelques papillons violets. Sur la paroi gauche du placard, une Fender jazzbass sunburst pendrait à un crochet. La discothèque couvrirait le reste du mur sur toute sa hauteur et un homme d’une cinquantaine d’année chemises à fleurs bleues rentrée dans un jean semblerait indécis devant une telle profusion. Dernier angle droit et nous serions de retour à la porte blanche découpée en son centre par une verrière opaque et le coffret électrique sur sa gauche.