#anthologie #02 | A table

La cuisine serait une extension de la maison, elle aurait été construite après, quand ils auraient agrandi. Le sol serait recouvert de carreaux de couleur claire. Depuis le jardin, on ouvrirait la porte sur un réfrigérateur sombre, un évier et des meubles de cuisine boisés. Quelques photos floues, des papiers avec des notes au-dessous du placard à verres. Sous la fenêtre, une table de cuisine carrelée : une pile du journal Sud-Ouest qu’il recevrait tous les matins dans sa boîte à lettres, un plateau de fruits où s’ennuieraient deux bananes tâchées, des pommes ternes et une poire vieillissante. De l’autre côté, une pile de prospectus, ils seraient posés là en attendant d’être étudiés au calme : des soldes au Super U, les dernières affaires de la Foire Fouille. Derrière deux chaises de bois, une armoire à porte coulissante presque auburn. Dans le placard, seraient rangés les balais et serpillères, de l’autre côté, on trouverait des étagères avec les réserves de féculent, de farines et de sucre. On ferait glisser la porte d’un côté ou de l’autre en mettant son doigt dans un cercle de métal. Passée la porte qui mènerait jusqu’au salon, le chafaud caché dans un meuble, puis le four et en-dessous, les placards à casseroles et poêles. Viendrait ensuite un drôle de tiroir, tout en hauteur et étroit. En le tirant vers soi, ce serait tout un pan du mur qui se détacherait. On y rangerait l’huile, le vinaigre, le sel et le poivre, une huche à pain. Au dessus, un téléphone à cadran, un répertoire avec les numéros de téléphone de sa plus belle écriture. Un vase avec des fleurs du jardin, quelques boîtes de médicaments et les quatre feux de la gazinière. A ses pieds, une petite chaise de bois tout contre le radiateur, au mur, une petite étagère où s’accumulent photos et cartes postales, plus bas, on y suspend les torchons. Sur le dossier de la chaise, une veste de laine claire, sans manche viendrait d’être jetée. Il se serait endormi sur la table, comme cela lui arrive souvent. Le front appuyé sur ses bras croisés sur la table, le corps secoué de ronflements sonores.

A propos de Irène Garmendia

Lectrice par amour des mots et des histoires. Voyageuse immobile, perdue entre plusieurs langues, a récemment découvert le jeu d'écrire.

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