le papier peint aux impressions de […] d’infimes variations ton sur ton bois de rose, l’usure aux raccords des lés comme gratté avec l’ongle, le bord, juste le bord […] traces, surtout le mur de droite […] traits de crayons chiffrés, à un mètre du sol environ, le premier partant du bas : 1m20 c’est inscrit, puis tous les cinq centimètres, les uns au-dessus des autres : comme mesurer des enfants […] mais il y a du sang ; du sang séché ou bien? comme mesurer des enfants avec du sang […] les chevilles mises à nues ; un meuble a été là, des étagères c’est probable, un cadre c’est probable, un miroir […] et les sandales accrochées au clou par le talon […] dessin en pattes de mouches dans l’angle, il faut s’approcher pour voir : rond, bouche, yeux : une tête, pas encore un visage […] une fenêtre perce le mur, aveugle ; et l’ours démantibulé au sol, truffe contre verre, avec le ruban autour du cou, bleu ; et comme des perles répandues, un collier arraché ou des dents […] À l’exception de la table, aucun meuble, à l’exception de la tasse et du crayon, aucun objet […] sous la table une pomme pourrit […] mur de gauche, tout le papier arraché, restent des lambeaux, des fils pendent, des cheveux on dirait, pris dans le plâtre […] à l’exception d’une photographie, elle tient par deux punaise, aucune image ( elle serait sur la photographie, elle y serait mais reléguée au second plan; elle dépasserait d’une tête, comme chaque année sur la photo de classe – elle dépassait toujours d’une tête. Elle serait sur la droite derrière celle qui sourit. Son sourire à elle on le chercherait, pas qu’elle fasse la tête, une timidité; si elle avait souri elle aurait déployé sa main en éventail devant ses lèvres, comme font les japonaises dans les films, même sur les estampes; sa main pour cacher la béance […] pas de porte ; à ras de sol, un simple trou […] elle aurait ce visage d’alors, les joues, les cheveux
Merci pour ce texte « à trous ». J’ai aimé les points d’interrogation du début, qui nous happe tout de suite. Puis les « c’est probable » et cette mémoire par bribes que l’on voudrait voir revenir combler par surgissements les parenthèses, lors d’un récit plus long. Merci.
Merci Valérie d’être venue lire ( beaucoup de trous, trop lacunaire ) il y a quelque chose dans l’air qui empêche …
Je trouve que ces trous c’est une forme, une liberté dans l’écriture, j’aime.
Ravie de te relire Nathalie, la bise.
Bonjour Clarence . Oui te retrouver aussi ! Bon voyage
Un texte à lire et relire. Très très troublants ces trous dans le texte, très très inquiétants ces multiples signes de l’absence, du trou (les crochets / les points d’interrogation / l’italique et le conditionnel qui déréalise) et le sang et l’ours démantibulé, la fenêtre aveugle, le visage pas encore là et ces parties de corps disséminées ça et là (tête / dents / cou…). Oui, une écriture-fantôme, une écriture-lambeau. Troublant et beau. Merci Nathalie !
Terrible, avec tous ces possibles…
Merci Emilie ,Laure , Annick pour vos retours précieux
ah Nathalie, si heureuse de trouver un peu de temps pour te lire, superbe texte, étrange comme ces trous me semblent « assimilés » au reste, comme si le vide lestait les phrases. J’adore ce texte, merci
Merci Gracia (j’ai vécu ces parenthèse comme une impuissance )