#anthologie  #01 | rue de Louvois

En émergeant du métro face aux façades de la rue du 4 septembre saluer, à côté de la brasserie, la porte en verre de l’immeuble de bureaux de communicants source de problèmes, me retourner, longer la vitrine du fournisseur de formes de feutre, voilettes et galons pour chapelier, entrer dans le tabac à l’angle au risque d’assaisonner le très bon café de propos inspirés par « le Parisien » ou traverser vers le coude-à-épaules devant le comptoir du café à l’ouverture du passage Choiseul pour le plaisir des échanges. Saluer. Sortir. Prendre la rue Saint-Anne en lançant sourire au corps qui s’agite dans la boutique de traiteur asiatique. Lever une main en réponse au salut. Quelques pas rue de Louvois et au niveau de l’ouverture du square devant la BNF, pénétrer, en caressant rituellement la moulure du bois d’un des vantaux, dans le porche de l’immeuble. Lancer un bonjour vers la loge ou le gardien balayant la cour. Vitrage de l’escalier à gauche. Grimper marches d’un étage et taper code avant de pousser la porte de la Caisse. A droite la porte des toilettes. Un coup d’oeil pour vérifier l’aspect de ma gueule avant de passer entre la vitre du secrétariat et les visiteurs attendant sur des chaises en face du guichet. Entrouvrir porte pour un sourire, un salut et pour signaler mon arrivée les jours débutant par une visite d’appartement ou autre rendez-vous retardant le début de la journée de bureau. Une pause pour attendre résumé des appels me concernant. Prendre atmosphère du jour. Continuer en longeant à droite le bureau de mon jeune patron et des deux aides que nous partageons, celui du plus ancien et arrogant gérant puis le service de copropriété, à gauche la comptabilité et le local de l’ordinateur, jusqu’à l’escalier de bois s’élevant en tournicotant vers l’étage. Main sur le chêne de la rampe, pointer menton et yeux sur le petit palier pour tirer et accompagner mes jambes. La double porte fermée du grand bureau de l’ancien directeur, servant maintenant aux réunions ou pour recevoir certains clients. La porte fermée du petit bureau des baux commerciaux donnant sur la cour. La porte de mon minuscule bureau. Poser sur la chaise cannée mon sac et pour me tenir compagnie le livre de poèmes ou autre texte m’isolant de la foule dans le métro. Allumer dans leur niche sous les placards de droite l’ordinateur sans liaison internet et la petite radio branchée sur France Culture pour le bruit de fond ou davantage. Me hisser sur le tabouret de dessinateur et me pencher sur la table de dactylo qui me sert de bureau. En regardant les occupants d’un local de styliste de l’autre côté de la cour, décrocher le téléphone pour écouter la première voix énonçant un problème de plomberie ou m’interrogeant sur les derniers relevés de comptes d’un immeuble, attraper dossier à gauche. Me rassoir. Répondre. Raccrocher et décrocher à nouveau sur nouvelle voix. Poser nouveau dossier sur le premier. Consulter ordi. Raccrocher. Ranger, Commencer à taper une lettre. Sourire à une phrase provenant d’un studio de radio. Lancer tirage de la lettre. Saluer Branka amenant le courrier me concernant. Un début de conversation. amicale. Le tirage de la lettre au bout d’un bras passant par dessus son épaule. Sonnerie du téléphone.

A propos de Brigitte Célérier

une des légendes du blog au quotidien, nous sommes très honorés de sa présence ici – à suivre notamment, dans sa ville d'Avignon, au moment du festival... voir son blog, s'abonner, commenter : Paumée.

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