Des heures qu’elle est réveillée, à regarder la trace d’humidité dessinée au plafond.
À se retenir.
Voir la lumière entrer par les persiennes. Ça fait des rayures sur les murs, différentes tous les jours.
Écouter les bruits dans le couloir, les chariots qui cognent le mur, les voix qui s’interpellent.
Ne pas se lever avant qu’on vienne l’aider. Ils le répètent assez.
Se retenir. Ne pas sonner.
Reconnaître les pas, même l’odeur d’eau de Cologne de l’infirmier de garde. Ne plus se rappeler si on l’aime bien.
Les mains crispées sur la tirette.
Ne pas bouger surtout. Rester dans son lit et se taire. Ne pas appeler, ils n’ont pas que ça à faire.
Avouer, oui, c’est bien ça l’urgence, d’aller à la toilette.
Se faire réprimander, il y a des urgences plus importantes ici. Des questions de vie ou de mort. Le sait-elle ?
Arrêter de déranger le personnel, sinon on préviendra la famille.
Rester là à garder sa pisse et son honneur dans la vessie.
Des mots justes, évoquant une douleur qui souvent n’est pas écrite.
Merci