Centre Bourse, Marseille. Rien d’autre comme adresse. Frôler sans les voir les vitrines à peine allumées du centre commercial, prendre l’escalier mécanique comme pour descendre au parking. Drôle d’endroit pour un musée. S’arrêter avant le sous-sol, au premier palier, saluer par la vitre sale le niveau du sol de jadis, saluer aussi les pierres mises au jour par le raclage du sol, par les archéologues, par le dégagement de l’accumulation de couches de passé.
À l’entrée, tenter de faire réadhérer sur le montant fixe de la porte coulissante le coin d’un ruban adhésif, et redresser une feuille A4 annonçant en noir et blanc le programme de nos activités. Ne plus s’énerver de l’interdiction émanant des services centraux de faire sa propre pub. Se débrouiller, bidouiller, faire maison. Déplorer non l’interdiction, mais l’absence de toute communication émanant des services centraux. Savoir que la prochaine fois, il n’y aura pas plus de monde. Dire bonjour, à la caisse, à la caissière et aux gardiens, passer derrière, vestiaire.
Baigner dans une atmosphère glauque comme les yeux d’Athéna. Ne pas se croire un instant sous la mer malgré les concrétions sur les amphores du présentoir, une lumière tenant moins au monde de la mer qu’à l’absence d’ouverture sur le dehors et sur le jour, qu’à l’artifice du béton. Peiner à imaginer une filiation entre les piliers traversant le plafond pour soutenir l’édifice, et les colonnes du temple (d’Apollon ?). S’interroger sur le devenir de ces cylindres mastodontes, leur matière de graviers et ciment.