#anthologie #01 | Au Pargo

Ralentir, m’engager dans l’entrée, négocier avec précision une manœuvre à angle droit pour ne pas buter sur le séparateur de voies en béton, attendre devant la barrière, faire un petit signe reconnaissant à Paul, notre agent d’accueil. Se garer le plus près possible du portail de sortie. Éteindre la radio. Sortir le cartable du coffre et l’autre sac contenant les classeurs. Sous le bras, une série de BD à rendre au CDI. Traverser la cour bétonnée, en contournant le bâtiment dit «administratif». Pas encore d’élèves à cette heure matinale.

En bas du bâtiment I, gravir les trois marches de béton, pousser la porte d’entrée, fouler le carrelage à petits carreaux, à l’étage, pousser la porte sur le palier à gauche, entrer dans la première salle, la salle des «fumeurs», saluer les collègues, poser le cartable sur une chaise, les classeurs et les BD dans le casier. Ouvrir le tiroir du courrier, trier rapidement les papiers, pester, en jeter, en garder. Sortir du cartable les cours à photocopier. Faire la queue à la photocopie. Retrouver les collègues à la machine à café. Première sonnerie. Ne pas se presser. Deuxième sonnerie. Faut y aller. S’encourager sans trop y croire. Retraverser toute la cour jusqu’au bâtiment A. Monter au deuxième étage dans le brouhaha des rires et éclats de voix. S’engager dans le couloir qui traverse tout le bâtiment. Sourire. Dire bonjour. Se cogner aux portes battantes, se prendre les pieds dans un sac, oublier un moment quel sera le premier cours, chercher sa salle, ses élèves, se faufiler, chercher son trousseau de clés devant sa salle, entrer, poser le cartable, les photocopies et les classeurs sur le bureau, retirer son manteau, sortir la trousse, les feutres et les craies, tirer les rideaux, allumer le rétro-projecteur ; ampoule grillée, ne pas s’énerver. Improviser.

A propos de Nicole Busquant

Un certain goût pour les traces.

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