Au volant de ma 4L, franchir la barrière du portail avant la sirène de 7h13, soulagée d’arriver à l’heure sans risquer d’ être épinglée par un cadre, demande d’explication, justification, panne de réveil, de voiture, enfant malade.
Faire le tour du rond-point en espérant une place devant les bureaux. Renoncer et se garer après la chaudronnerie. Sac à main à l’épaule et gamelle au bout du bras, marcher d’un pas vif. Passer devant l’alignement d’essieux rouillés attendant d’être révisés et remontés sur les bogies des locomotives en cours de maintenance. Répondre d’un signe à ceux qui lancent un appel de phare. Dépasser le rond-point et longer le pont transbordeur jusqu’au bâtiment 05 ELECTRONIQUE. Pousser la première porte battante, repeinte bleu outremer avant la journée Portes Ouvertes l’an dernier, et déjà les traces de graisse des mains de ceux de l’atelier montage, venus en urgence chercher une carte, un schéma. Traverser le sas sans jeter un regard au panneau d’affichage, les tracts inchangés depuis la fin de la grève et la victoire contre le plan Juppé, puis tournant à droite juste après la seconde porte, prendre l’escalier métallique, la lumière déjà allumée, Paulo arrivant toujours avant moi et descendant tout de suite faire la tournée des gars.
Entrer dans le bureau des chefs, mon bureau depuis six mois, surnommé gentiment l’aquarium par les agents à cause des parois vitrées, moins gentiment le mirador parce que vitré et surélevé.
Quatre bureaux de métal, ceux des trois chefs d’équipe en quinconce, chacun voyant l’un de profil et l’autre de face. A l’écart, le bureau du contremaître.
Accrocher ma veste au porte-manteau, enfouir mon sac à main dans le tiroir du meuble à roulettes, derrière les dossiers suspendus en carton orange, certains gonflés de chemises remplies de schémas, d’autres presque vides, les plus anciens repérés par une étiquette lettres blanches sur ruban bleu réalisée à la pince Dymo par le chef d’équipe m’ayant précédée, les dernières par une lanière manuscrite glissée dans un onglet transparent.
On accompagne pas à pas c’est chouette chouette chouette ! J’aime beaucoup la précisions des zooms !
Superbe cette traversée d’un espace. On suit, on découvre, on écarquille les yeux. Le lieu de travail se révèle peu à peu.
Grande précision des images sans qu’il n’y ait aucune aridité, au contraire, le texte coule fluide.