Dans le rouge, on m’a poussé. Dans une lumière aveuglante on m’a tiré. Dans un froid glacial, on m’a pesé. Dans un bruit assourdissant, on m’a pesé, étrillé, nourri. Dans la chaleur des bras, on m’a pincé le nez et nourri. Dans un lit douillet on m’a bercé. Dans des notes aigüs, on m’a parlé. Dans les cris, on m’a éduqué. Dans les rires, on m’a rassuré. Dans les sanglots on m’a habitué. Dans un jardin, on m’a lâché. Dans la cour, on m’a rejeté et bousculé.
Dans les classes primaires, on m’a appris les fleuves et les départements, leurs chefs-lieux et les continents ; les lettres et les additions soustractions divisions, le meurtre d’Henri IV et Jeanne d’arc, la morale avec la poutre et la paille, la poésie avec Verhaeren, la loi du plus fort en récréation.
Dans le temps j’ai tout oublié sauf la loi du plus fort
Dans les classes de lycée, on m’a émerveillé, dans la cour du lycée on m’a cogné. Dans les AG du lycée, on m’a écouté.
Dans mes emplois, on m’a apprécié et puis viré, dans l’amour on m’a aimé et puis quitté. Dans la maladie on m’a soigné. Dans l’agonie on a pallié.
Superbe texte.
La douleur de la naissance, de vivre mêlée à ces AG où tu étais enfin écoutée.
Et ce que la vie nous apprend de différent selon que ça se passe en famille, à l’école, dans la vie d’adulte. Chouettement mis en valeur.
Et cette phrase « j’ai tout oublié sauf la loi du plus fort » – elle résonne.
Merci.
Au plaisir de faire à nouveau un bout de route ensemble dans cet atelier.
Bises Catherine.
Merci Annick mais il ne s’agit pas vraiment de moi ! Contente de te retrouver aussi, tenir bon, tenir bon!