#anthologie | lieu de transit

# 0 – Prologue

# 1 – Infinitif

# 2 – La nef

# 3 – La bonbonne d’eau

# 4 – Habiter

# 5 – Pousser le corps devant soi

# 6 – Seule

# 7 – Lumière

# 8 – Paradis perdu

# 9 – Coup de tête

# 10 – Seul

# 11 – Un retour dans la nuit

# 12 Trois villes

# 13 En 3000…signes – à suivre

#14

# 15 Timide

# 16 Trois points

Prologue

Rencontre des pôles opposés, dans l’infinitésimal d’une fraction de seconde, se souvenir d’avoir aussi été engendré par le temps, fille de cette fraction de temps, puis venir au monde, dans le déchirement venir vers un autre temps, plus vaste, crier  – le cri primal, comme celui du premier né de la première histoire dans le silence d’une forêt tropicale, puis marcher sur la terre ferme, sur du sable et trouver un équilibre, dire ces premiers mots, écrire d’une écriture serrée et angoissée pour retrouver le temps chercher la matière brute, sans accent, en évitant les accents, ceux qui relève la langue comme pour dire une onomatopée, les accents scandent le temps, maintenant marcher , juste après naître parler  juste après aimer- juste après le rythme prend la page, j’habite l’espace, je cherche tous les espaces – le rythme reprend ne cherche pas à transposer le rythme, la vibration se suffira à elle-même de marcher dans ce rythme dans cette langue, c’est une autre langue… Pourquoi je parle celle-ci et non une autre – ici, j’embrasse le sens de la phrase d’un seul coup d’un seul-là le mot et leur sens part à part et d’un coup sur le seuil, l’embrasement – l’unification des pôles, le sens en un rythme… Je la parle, elle me parle, elle chante, elle pianote, elle bat sur les tempes, elle insiste sans s’arrêter jamais, elle roule – glisse – s’insurge – vit elle revient repart – elle termine sa course dans le vallon sous forme de tonnerre, elle dévale, elle fond comme neige au soleil, elle tambourine, elle s’efface, revient plus personnelle, interrogative, concise.

Infinitif, adjectif, la cure Beinstingel

AVEC – Lieu de transit, arriver, les pas une grande surface UN -DEUX  le couloir entre les vitrine TROIS les rayons, QUATRE petite ville CINQ plafond, marcher entre les rayons, consommation, boites boites alignées marcher SIX plus vite aller tout droit rayon A tout droit rayon B, chercher soleil, SEPT chercher air frais, boire, chercher air frais, parking media medium is message, HUIT changer de sujet  NEUF –  être soi, continuer marcher rayons liquide rayon –  rayon marcher , continuer : couloir retourner vers, rejoindre le point de départ – médium – is – message, medium is… marcher se retourner – regarder autour – s’assoir, regarder – voir – eau, aller dehors vite soir DIX nuit lune, regardant soi dans la vitrine de choses, vêtements voyant maintenant quelque chose défiler : ombres, regarder le temps, compter – ne pas compter le temps, un – un parking devant –  qu’est-ce qu’il y a  – rien devant l’inconnu – Product is message – rayon plein – non-acheter tout vendre – rien -n’entendant que l’attente – se poser – UN ne pas se retourner – recommencer -Lieu de transit – attente quelque part – voix qui appelle – on veut une vendeuse – medium is message medium – is -donner quelque chose -avancer dans le plein – creux -manquer – manquer –medium is choc – medium is choice medium is juice -medium is ..

SANS – Lieu de transit, arriver, les pas une grande surface – le couloir entre les vitrine –  les rayons, petite ville plafond, marcher entre les rayons, consommation, boites, boites alignées – marcher plus vite aller tout droit rayon A – tout droit rayon B, chercher le soleil, chercher l’ air frais, boire, chercher l’ air frais, le parking – media medium is message, changer de sujet  – être soi, continuer de marcher dans les  rayons liquide rayon –  rayon marcher , continuer – couloir retourner vers, rejoindre le point de départ – médium – is – message, medium is… marcher se retourner regarder autour – s’assoir, regarder voir – eau, aller dehors vite soir – nuit lune, regardant soi dans la vitrine de choses, vêtements voyant maintenant quelque chose défiler ombres, regarder le temps, compter – ne pas compter le temps, un – un parking devant –  qu’est-ce qu’il y a  – rien devant l’inconnu – Product is message – rayon plein – non-acheter tout vendre – rien -n’entendant que l’attente – se poser –  ne pas se retourner – recommencer -Lieu de transit – attente quelque part – voix qui appelle – on veut une vendeuse – medium is message medium – is -donner quelque chose -avancer dans le plein – creux -manquer – manquer –medium is choc – medium is choice medium is juice -medium is ..

La nef

Une fenêtre en hauteur, la pénombre, des rideaux en velours dans une lumière automnale, pas de couleur, il est assis dans le coin dans un fauteuil, un journal à la main, il ne lit pas, il ne regarde pas par la fenêtre, les yeux ailleurs, une colonne avec du stuc pour décorer, un canapé, des murs sans rien, juste de la peinture, un torchis jeté vaguement sans apprêt. La pénombre l’emporte sur la clarté, il sait que c’est le soir, la nuit tombera dans une heure. Un autre canapé, des fauteuils, tout semble installé depuis toujours, pour recevoir quelqu’un en particulier, ou abriter un moment, hors du temps, une parenthèse entre deux espaces temps. C’est un lieu pour convoquer les esprits, ou bien l’esprit seul peut y survoler. Si on tend l’oreille l’entend-on ? on dirait que quelqu’un parle, les colonnes attendent un Socrate, un philosophe ou un prophète. On dirait qu’ils pourraient choisir ce lieu pour un lieu de réunion, un lieu de réunion particulier, un tapis, au bout de la pièce, un arc de cercle, les fenêtres ; en rondeur, et dehors la vie végétale se déploie selon les arrondis de l’intérieur. Juste après, une porte, une clôture, et on pressent, que le sortilège prendra fin juste à cette clôture. Il n’ a pas bougé, il se tait, il fixe la clôture juste au-dessus des végétaux qui termine la nef, cette pièce est une nef, et son transept barre invisiblement son horizontale, cette pièce appelle l’invisible voire la prière, il a les jambes étendues dans un geste de relâchement total de tout son être. Est-il encore de ce monde ? Les yeux mi-clos, un vague sourire illumine son visage, les yeux portés vers le haut de la nef, il rêve, il ne nous appartient plus.

La bonbonne d’eau

La bonbonne en verre, ronde, verre d’eau avec une anse, que j’ai toujours eu envie de porter contre moi, cette rondeur, je l’imaginais sur mon ventre, elle serait proche de mes rondeurs et je la tiendrais des deux mains refermées contre la bonbonne, je voyais cette bonbonne, et je me disais, j’ai tellement envie de la porter, mais à quoi cela sert-il s’il n’ y a pas d’eau dedans, de porter une bonbonne vide. Elle n’était pas toute lisse, mais avec des aspérités, un goulot assez court, je regardais les lueurs de la bonbonne chatoyer au soleil, je la contemplais son vert d’eau, son verre d’eau, très pâle et translucide et j’imaginais sa couleur quand elle serait remplie d’eau, si l’eau apporterait quelque chose, une teinte légèrement différente, sensiblement, à peine, plus intense de part la densité de l’eau. La densité de l’eau, rendrait la bonbonne plus verte avec des nuances, je ne voudrais pas la remplir totalement pour pouvoir voir toute la surface de l’eau, avec des cercles concentriques, et cette bonbonne s’est mise à flotter devant mes yeux comme si elle avait des pouvoirs magiques, comme une eau lustrale, l’eau de Genièvre annonçant Lancelot. Je n’avais pas encore vu le rapport entre Lancelot du Lac et l’eau. Un jour, j’ai décidé d’aller à la Fontaine à cent mètres, remplir pour la première fois la bonbonne. Je l’ai ramené, j’ai bu cette eau de la fontaine à petite gorgée, j’ai pris de l’eau de nombreuses fois : j’ai admiré son poids, sa couleur, sa teinte. Et puis j’ai laissé la bonbonne, elle est toujours par-là, vide, la regarder me rassure, une tendresse en émane, je sors et je lui jette toujours un coup d’œil furtif : je cherche à me rassurer qu’elle n’a pas disparu. Comment pourrait-elle disparaître ? Je vais bientôt retourner chercher de l’eau à la fontaine.

Habiter

Habiter la terre trouver un lieu sur l’étendue de la terre partir de la totalité de la terre, et l’esprit se tourne vers le premier lieu habité, ce lieu habité est perçu ‘en haut à vol d’oiseau. Pour entrer dans un lieu, l’habiter, que faut-il, longtemps, habiter un mystère, habiter au début contient une angoisse, le « comment habiter ».
Passer en revue les modes d’habitation. Cela ramène à l’enfance : le tipi, la cabane dans les arbres, l’igloo, la grotte. Plus tard, l’organisation de l’espace : une ville. L’habitat perçu d’abord comme unité, sans lien autre que celui du terrain dans lequel il est enraciné. Et le bon sens de l’orientation, indéfectiblement lié à la notion d’habitation. L’espace de la ville où l’on pourrait habiter ce lieu tentaculaire, géant, où l’on apprend que les lieux sont reliés entre eux par un système paraissant étrange, un réseau entrelacé de rues, de venelle, de passage, de pont de passerelle. Dessiner la ville rêvée, sans toutefois s’attarder sur un lieu précis. Cette ville pourrait ressembler à cela. Il doit y avoir un système d’échange avec l’extérieur. Pour saisir l’existence de la ville, il faudrait donc l’approcher en section rue, immeuble, cage d’escalier, enfin de lieu de vie. Ordonner pour comprendre.

Pousser le corps devant soi

Celui qui allait prendre un bateau pour traverser vers le pôle, avait traversé un continent, où l’écho d’une guerre le poursuivait. Il a traversé plusieurs pays – une bonne dizaine.  Le pôle pouvait lui sembler une région de son esprit, un lieu inconnu, qu’il est curieux de rencontrer, où l’on parle une autre langue, cette traversée pourrait l’engloutir entièrement si son corps qu’il pousse en avant de lui, ne pouvait plus entendre les rumeurs du monde, il lui semble que ce sont ces rumeurs qui le maintiennent debout et que le grand silence vers lequel il va pourrait le faire basculer. Il croit aller vers le silence, mais dés les premiers instants, il sentira ce silence habité d’autres présences, un monde inconnu peuplé autrement, et son corps devra réapprendre d’autres tensions, d’autres sentiments et sensations, le froid ne sera plus le froid, sa vison ne reconnaitra pas les même sillages, derrière le bateau, les mêmes crêtes, la même rondeur du soleil ni de la lune.ni la même géométrie, du moins il le pressent Groenland, nouveau mantra, en haut du monde, et pourquoi choisir de se hisser ainsi en haut du monde, comment le corps sent cette latitude. Il continue vers le Grand Nord, poussant son corps devant lui, son corps, cet inconnu, celui qu’il veut mener au terme du périple, celui qui renferme ses secrets, il pousse devant lui sa mémoire, son oubli des choses vécues et tous les possibles. Il se souvient que son corps peut renfermer les parcelles de ce monde qu’il arpente, et cherche un espace où remplir ses poumons d’air nouveau, comme si cette nouveauté allait rappeler à ces cellules un secret englouti, aller à la rencontre d’autres hommes comme lui, aux confins de l’immensité, un point prêt à s’évanouir.

Seule

Lumière

Le soir, les ombres de la plante dehors font des ombres chinoises sur le rideau blanc, la nature ne donne que son ombre. Elle a différé sa présence, et se tient projetée comme dans un paysage asiatique. La lumière se diffuse. Entrent les rayons d’un soleil automnal pâle, froid et indifférent. Les plantes veulent se soustraire au réel, un temps, et jouent le monde fictif, elles sont ces ombres, une fiction, une illusion, une représentation derrière la scène, un appel, la fiction représentée comme déjà là. Il faut recréer un monde, la mappemonde, ostensiblement une reproduction d’une mappemonde ancienne, vient encore souligner l’aspect du faux. Ici, on joue à ressembler. De ressembler à rassembler, voilà la fonction de la lumière qui maintenant enveloppe un livre et éclaire le livre des transformations – autre présence de l’Asie. Mais l’orient est là sous la forme d’un tableau – une oasis devant laquelle est placée la mappemonde. Je pense à Kafka. La lumière exprime un ordre qui nous est étranger. Façonne la conscience. La réalité ne parvient ici que sous la forme de végétaux, végétaux transfigurés par un malin génie qui frotte sa lampe d’Aladin, et apparaissent alors sous un jour nouveau, les masses d’ombre que fait l’angle d’un mur. L’intérieur est saisi dans sa plénitude et dans son immobilité. Ne toucher à rien, laisser être. L’orientation cardinale, en partie fortuite, laisse passer le hasard, hasard rythmé cependant par, on le devine, l’éternel cycle de rotation des astres – une histoire de saison. Aujourd’hui, à l’instant, le soleil a telle position dans le ciel, et cette beauté est éphémère, sera demain remplacé par une autre, car jamais, deux fois, le même rayon ne se fraiera son chemin parmi les livres, entre les objets, entre les meubles : et s’il n’y avait rien ? Un jardin japonais ou un tatami dénué de toute aspérité. Au sud, la mappemonde est sans relief, derrière là où aucun rayon ne vient la diviser, dans la grisaille d’un soir.

Paradis perdu

Une porte, derrière laquelle luit une lumière s’entrouvre dans la nuit sur le jardin d’Eden. Le jardin d’Eden des contes, des mythes, le premier jardin – la porte s’ouvre sur ce paysage tendre vert oxyde bleu pétrole et les branches des arbres viennent jusqu’au seuil se pencher – c’est une aube, le monde bruit des premiers sons, aucune présence humaine encore, le monde est un jardin, et le premier homme sous le disque étrange de la lune, qu’il verra décliner jour après jour, derrière la porte, le fruit, l’arbre, et le courant d’air frais venu d’une vallée, le fruit, le dessin obscur, en train de se former par une main sur la paroi d’une grotte, entre les lianes emmêlées – c’est dans le silence absolu, le vrai silence du début du monde : la main traçant le profil de la bête, le rituel chamanique de la chasse. Derrière la porte – la lourde angoisse du temps à venir, de l’invention du temps avec sa clepsydre, de l’invention à venir, la lourde angoisse de tous les possibles, parce que la perte. La porte se referme comme elle s’est ouverte.

Coup de tête

J’avais fait demi-tour, un jour, un matin, la chanteuse, j’avais fait demi-tour en plein milieu de la rue qui menait là-bas. J’avais encore une chanson d’elle dans l’oreille, depuis hier soir, j’vais fais demi-tour comme ça, sans réfléchir, je m’étais arrêté quelque 100 mètres plus loin, arrêté, il m’est vu une image : des entités blanches : la glace, cette idée m’avait rassuré je savais où j’irai, j’avais trouvé mon objectif 100mèètres 10 minutes après avoir fait demi-tour Et je disais je me suis retourné je ne suis pas allé jusqu’au bureau, celui qui attendait devant la porte, le boss celui que je devais remplacé tout à disparu, j’avais encore dans l’oreille le petit air de la chanteuse, je rebroussé chemin j’ai longé le hangars je suis arrivé sur le terrain vague au milieu de nulle part , j’ai aperçu le potager , j’ai rejoint l’hôtel, je n’ai pas traîné. Tout était clair. Même à elle, je ne voulais rien dire. J’avais tout en tête. J’avais plus de colère. J’avais plus peur. Je pouvais même tout regarder autour de moi. Ça me semblait neuf. Le passage derrière la rue, les commerces, le rond-point un peu plus loin. Seulement un peu d’angoisse qui disparaît quand je m’occupe. Toujours la nuit d’hier dans la tête elle a chanté plus tard que d’habitude comme si elle avait senti quelque chose. Peu importe combien de fois il fera demi-tour, ou changera de destination.

Seul

Le 28 décembre 1771 il part – après avoir armée son bateau et son équipage  composé de 60 marins pour le cap de Bonne Espérance. Il a doublé le cap de Bonne Espérance.
A bord , la cargaison de viande, des céréales, des cadeaux pour les indigènes. Il est dans le carré de navigation. Il fait le point il calcul le nombre de mille à parcourir
.

Seul – il se souvient du nom de cet explorateur, il a ce nom sur le bout de langue mais pourquoi celui-ci – il s’en souvient et voudrait aussi se souvenir de pourquoi cet explorateur l’avait intéressé ,cet explorateur qui part de Port-Louis , fait escale au Cap de Bonne Espérance. Là les courants d’est et les courants d’ouest se côtoient et c’est orageux, les bateaux s’y perdent. Il le sait. Aujourd’hui. Il le double. Que sera demain. La mélasse freine le bateau qui est pris entre deux courant : le Bengala à l’ouest, les Aiguilles à l’Est. Son équipage est tendu. Il va découvrir l’archipel de Crozet en Antartic l’exact opposé de sa destination – l’Artic. il tient une partie de son énigme – cet explorateur fait escale en Tasmanie pour chercher du bois, il n’en trouve pas, il appareille pour la  Nouvelle Zélande, ses mâts sont brisés. Il côtoie les tribus, se baigne dans des eaux sacrées alors qu’un rituel maori est en train de se dérouler. Il ne le sait pas mais il brise un tabou Il est massacré avec une vingtaine d’hommes d’équipage. Seul, dans cette chambre d’hôtel il sonde l’implacable labyrinthe de la mémoire, sur le fil, à la surface à peine affleurant sous d’une fine pellicule intangible, sous les décombres des années, cette histoire lui revient. Entremêlées, les années, les faits, les raisons de son passage ici. Pourquoi pas ? Pourquoi ne pas prendre l’exacte direction opposée, foncer vers le nord, cette fois – vers l’Artic ? Pour rejoindre l’ombre de son fantôme d’explorateur mais dans l’autre sens ?

Retour dans la nuit

J’étais revenu au bar dans le terrain vague le soir j’avais roulé pendant deux  jours pour arriver jusqu’ici et réserver dans cet hôtel installé mes affaires pendu sur leur cintres le costume la télé allumée sans le son les dossiers dans l’attaché case je devais reprendre tout depuis le début là-bas la voiture que je ne prendrais pas J’arrive dans cette ville et le soir je marche je vais trouver un endroit pour manger je marche  devant moi la masse sombre d’un terre-plein, les lumières de la rue s’allume juste au moment où je me trouve devant un chemin en terre Je laisse brusquement la rue et son macadam guidé par les lumières après le trou sombre du terrain vague parce que j’ai aperçu quelque chose qui luit un peu loin qui m’intrigue la maison en planche devant une terrasse en bois comme un ponton dans un port il y a quelque chose de maritime dans l’approche et dans ce lieu le bois craque Je l’entends dans la nuit la nuit qui fait silence, les pas sur le chemin pas le temps de me demander ce que je fais là j’approche jusqu’à entendre des voix d’abord Je ne comprends pas ce qu’elles disent il y une dizaine de voix entremêlées de temps en temps un grave ou une note plus haute et le brouhaha reprend indistinct les lumières se précisent et l’arrière-plan disparait derrière la maison Je commence à percevoir plus de détails des silhouettes se découpent J’entends autre chose une rumeur, c’est le moteur d’une voiture derrière moi, je me retourne je suis aveuglé par les phares, Ils s’arrêtent dans la voiture quelqu’un dit «  Tu veux qu’on t’amène ? » ils m’ont pris pour un habitué ils ne savent que je n’ai aucune idée d’où je vais, je dis d’accord ils ouvrent la portière il y a deux personnes à l’arrière, il faut se serrer Elle chante ce soir tu savais ? dans la voiture il y a un homme celui qui est près de la portière il me dit :on s’est croisé à la gare tu te souviens oui je me souviens maintenant c’est bien ça il était dans le train avec moi.

Trois villes

Une ville sillonnée de push-push, carioles à trois roues surmontées d’une bâche colorée. Des vélos par centaines attendent aux feux. Un vélo sur trois une sorte de cariole dans la quelle je parcours le centre de la vile, des ronds-points, les maisons construite début de siècle ici des panneaux pour indiquer le musée de Tuol Sleng, là les entrepôts le marché couvert, c’est ainsi qu’il faudrait 14 fois le tour de la ville mais la première étape c’est la maison au bord du Mékong, sur la terrasse, et au loin il y a le Vietnam. D’un coup d’œil voilà l’Asie, temps suspend ton vol, de là on peut décoller et se perdre (sans retour ?) dans la civilisation Khmers.

Un port, je le longe depuis la capitainerie, le long des bâtiments à arcades, avant de bifurquer vers le haut de la ville je marche vers la basilique Notre Dame d’Afrique qui surplombe la mer. En arrivant depuis la mer, les bâtiments tenus dans un empiètement d’arcades qui semble tendre la ville, lui donner sa tension et sa force, la gare maritime, la capitainerie, les bateaux de fret. Avant d’aller plus loin se ressemble-t-elle ? Qu’a-t-elle à me dire, elle qui me hèle, solide et fragile à la fois, belle et immuable, j’attends comme une enfant impatiente le feu vert pour la parcourir, moi qui ne la connais que de nom et ne l’ai parcouru que par l’artifice d’un globe numérique. Alger.

Les arrivées sont capitales pour moi, la première impression, et qui sait ce que disent les premières minutes et l’influence qu’elles auront sur le déroulé du séjour, la façon dont le temps va passer, au travers de quelles lunettes subjectives ces premières minutes influenceront le choix d’un parcours, la durée d’un séjour ? A Sienne, arrivée dans la ville à la tombée du jour. Il faut passer par la Grande Rue. Durant de longues minutes, la ville se fait attendre. Elle nous fait patienter entre deux alignements de bâtisses. La nuit est sombre à l’arrivée, le mystère persiste, et c’est la nuit alors que la place est déserte, que je vais humer la première goulée d’air en terre de Sienne. Et je vais dormir enroulée dans les questions : que sera demain. Le matin, la ville est baignée dans la lumière de l’aube, et je découvre la place en forme de coquillage. Une bouffée de renouveau, quelque chose mime la nouveauté du monde, au travers de ma vision. La pause est courte, les tournois de chevaliers, les sabots des chevaux viennent rythmer la danse. Se réfugier quelque part, chercher l’ombre d’un arbre.

En 3000 signes – à suivre

Un lieu qui résonne, et qui est le monde, autour bercé par le vent des arbres se balancent lentement surpris par une bourrasque, les feuilles tremblent renvoyant une écume de lumière dans l’azur, à peine quelques filaments de nuages s’approchent des cimes, on dirait qu’ils vont les envelopper, mais cette course ne veut pas s’arrêter, le sentier charrie des pierres de toutes tailles, du menu gravier à la roche escarpée. Des pins tordus par le soleil et l’air sec en saison chaude continu leur labeur de gardiens, entêtés, les bois sombres aux écorces rugueuses offrent un frêle rempart à tous les dangers : intempérie, envahissement, – car au fond du vallon, est ancrée l’absidial édifice. D’abord on devine son arrondi depuis le chemin, gonflé comme la voile d’un navire au beau pré. On cherche des yeux la suite de la nef, le transept par où l’édifice comme une carène maintient son équilibre entre ciel et terre. Ce navire immobile parait figé dans l’éternité de la pierre. Mais il est mouvant. Les arcades indiquent au voyageur une issue à ce cul de sac. Deux sortes de voyageurs : celui qui connait le lieu, et qui guidé par son instinct sait comment y accéder et l’autre, celui qui arrive ici par hasard surprit de loin par une couleur plus claire au milieu des pins ira jusqu’au bout du chemin. Arrivé devant le porche surmonté d’un linteau sur un terre-plein ensoleillé, voilà qu’il faut se retourner en tous sens : il n’y a personne. Qui est venu construire ici au creux du vallon, à l’abri des regards, loin de l’ennemi, ce lieu secret, terré, oublié?  Il n’y a rien ici de mystérieux sauf ce silence, ce désert alors que l’on vient d’être appelé par une symphonie qui se serait jouée entre le ciel et la terre comme si ici quelques comptent entre le ciel et les hommes devaient se dévoiler.  On est surpris par la banalité de l’entrée, elle est comme toutes les autres. On devrait être inviter à pousser la porte qui reste obstinément fermée. En faire le tour, ausculter les arcs boutants repérer les ouvertures Il semblerait qu’elle soit aveugle, on ne voit pas par où pourrait s’infiltrer la lumière. L’intérieur pourrait être envahit par ses ténèbres, les mêmes qui serait venues des pins et l’intérieur craquerai des mêmes sons du bois pliant sous la rafale. On dirait qu’elle attend cette transmutation. On dirait qu’elle s’en protège pourtant. Faire encore une fois le tour, guetter un signe vers l’extérieur. La nature aurait repris possession  de son territoire. Après l’illumination, au fond du vallon, te voici rattrapé par la solidité de l’existence, et ainsi que tu continueras ta route tout à l’heure – le voyage n’est pas terminé, tu devras encore affronter ce moment sans douleur ni joie, presque déstabilisé, il te faut remonter : ce mouvement ascendant va t’obliger à te retourner pour regarder encore disparaitre l’abside et ses arc boutants dans les pins suivant ce même mouvement d’élévation. On dirait que ce lieu à pris cet aspect pour mieux révéler son mystère. Chercher son histoire, mais même son nom est inconnu, il n’est pas reporté sur la carte au 20 000ème.

..

Ne m’en parlez pas.

Timide

Attablé – Un café crème – Un café per favore. Avant, il a pensé en sourdine les mots qu’il fallait dire. Il a jaugé : ça je peux le dire oui on peut dire cela…et puis en arrivant, il n’a pas retrouvé les phrases. Il a fait un geste de la main montrant devant, ses pieds pour l’inciter à marcher avec lui. Il avait changé de direction. Il s’est dit : marcher évite de la regarder dans les yeux , d’être embarrassé par son regard… Parce que ce regard qui le perce,  il ne sait plus qu’en faire. Il voudrait éviter cela alors il marche à côté. Il dit : « on se baigne »…parce qu’ils arrivent près de la rivière. Et il se dit que se baigner c’est bien pour éviter de se parler . Elle dit juste « d’accord » pour on se baigne. Chacun sur un rocher. « On s’est baigné ». Ils ont dit cela en même temps d’un air satisfait et réjouit. Ils ont eu envie de rire . Elle a sorti une cigarette. C’est bon une cigarette pour s’abriter derrière sa timidité. Qu’est-ce que vous faites ? Je fume et… Et …ils se regardent . Ils ont compris qu’aucun des deux ne pourra vraiment la vaincre. Ils sont derrière la glace sans tain de leur timidité respective. L’eau glacée de la rivière saisit les instincts. Joie …

Trois points

Ce moment là…vous avez aimé ? Quand tout s’est mis à frissonner autour…. Qu’une porte a claqué… Quand le soir est tombé, vous avez aimé ? Vous vous en souvenez…quand la brume a tout envahi… Qu’on a laissé glisser le temps comme ça…ce moment là…on a tout est posé… La terre, les astres … Tout semblait éternel… On s’est rapproché… ça s’est remis à vivre… Tout ça semblait plus vivant qu’avant… ça reprenait sa place… Ça s’est mis à pleuvoir… voilà des mois qu’on attendait la pluie… Il n’y a rien sans la pluie…pas de récolte..et quand c’est tombé..ce moment là, vous avez senti ? C’est comme si la vie revenait à elle-même…sans pluie : pas de récolte. Elle a dit …oui on pourra en faire une récolte… Et la pluie est retombée….la grêle a dévasté quelque chose… Il a dit les récoltes là c’est finit…mais ici on a gardé les arbres …

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