Tais-toi Oui c’est ça Boucle-la Ne dis rien
Non au contraire Ouvre-la Parle sans tabou Juge par toi-même Gonfle tes poumons Fais-y entrer de l’air Expulse ce serpent vicié Envahis l’espace Investis le lieu Approprie-toi le monde Soulage ta colère Crie Décris la déchéance physique du corps Dénonce la parole envolée Déplore le regard en allé Excuse l’incompréhension Pleure Lâche-toi Laisse couler le venin Eloigne le découragement Ecarte les bras Chasse les démons Bannis l’impuissance Adresse-toi au ciel Apprécie la vie Evalue les possibilités Tourne le dos aux errements Crois en l’homme Réjouis-toi de la connivence Cueille sur ses lèvres le léger sourire Entends le mot lâché Retiens le geste Tiens bon Ne vacille pas Tends la main Aide-le Suis la marche Assiste le mouvement lent Guette la clairvoyance ténue si peu perceptible N’abandonne pas la lucidité fugace Accroche-toi à l’étincelle lumineuse qui brille encore au hasard du regard éteint Manifeste ta présence Accompagne la volonté Epaule le bras Déleste le poignet Prolonge la main Dessines-en le contour Scelle la promesse Tolère l’incontinence Lave les émotions Fuis Emprunte le chemin Marche dans ses traces Mets ton pas dans les siens Enfile la pantoufle Tiens-toi droite Relève la tête Ne courbe pas l’échine Obéis à l’intelligence de l’âme Dispense l’amour Rassure Allège le fardeau de qui peine Ecoute Ne te laisse pas envahir par le désespoir Retiens le jour Egrène le rire Embrasse la nuit Accroche-toi Extériorise ta peur Calme la douleur Evacue la bile Adoucis le ton Modère l’élan Accepte Fulmine Provoque Attise non la haine mais la flamme Répands le calme Fais venir à toi Ouvre les bras Offre ton sourire et ton visage Donne douceur Pose ta main sur la sienne Serre la chaleur Redresse-toi Souris à la vie Continue Avance
Très fort ce texte, merci Cécile!
Toute cette conscience de soi qui se perd dans la brume de la maladie… et à laquelle on voudrait tellement qu’ils se raccrochent !
Merci Michael pour ton retour. Ce qui se perd oui, mais peut-être aussi ce qui se gagne, ou ce qui se joue, se noue.
Il y a peu j’ai retrouvé une lettre de ma grande à l’écriture très vacillante avec pour intitulé « date ? ».
Elle n’a pas Alzheimer mais elle vieillit fort, ne marche plus, ne voit quasi plus. Perd l’espace et le temps. Elle vit en Ephad. Je crois que la vieillesse empoigne parfois la brume. Ce texte Alzheimer, ou pas nomme avec force ce flou.
Alzheimer est un titre facile et un terme « générique » facile aussi, on y met tellement de choses à l’intérieur et surtout une forme d’incompréhension ou de refus ; pour éviter peut-être les termes de sénilité ou démence sénile ? « empoigner la brume » j’aime bien cette expression – et ce mot brume utilisé aussi par Michael. Merci