Etre inclusif…Un slogan décliné sous toutes ses formes, qui ne dit pas comment on doit faire pour l’être. Si j’ai bien compris, être inclusif consiste à n’oublier personne, dès lors que nous sommes en interaction sociale, et ce que ce soit l’appartenance, le genre et le sexe. D’un point de vue pratique, comment procéder? Dans un courrier, si je ne connais pas mon destinataire, j’ai coutume de débuter ma correspondance par « madame; monsieur. » Ai-je oublié quelqu’un? peut-être. Quid du lecteur ne se reconnaissant dans aucune de ces catégories? Ce lecteur peut-être un transgenre ou un androgyne. Suivant la terminologie identitaire, un androgyne est appelé « genderfluid » Comment le savoir? je pourrais m’enquérir de l’appartenance de genre de chaque maillon de la chaîne de transmission du courrier et ajouter la dénomination idoine pour le lecteur concerné. Comment s’adresser à celles et ceux qui n’assument pas leur sexe biologique? Faut-il les appeler « madame » ou « monsieur »? Pas certain que la ou les personnes intéressées le manifestent à bon droit. Par conséquent, si je veux être inclusif, je devrais commencer mon courrier par « madame; genderfluid; monsieur ». Oui mais dans quel ordre? Pourquoi mettre « madame » en premier? Par politesse sans doute. Non monsieur c’est du machisme etc…Ok ok mea culpa! Pour ne vexer personne, et être à la page, il existe un mot neutre ne renvoyant à aucune identité sexuelle. Il s’agit de « cisgenre ». Selon la définition, un cisgenre est un homme ou une femme, dont l’identité de genre est en concordance avec le sexe déclaré à l’Etat-Civil. Bref on naît femme ou homme et on l’assume. Dorénavant, suivant la majorité du genre, toute correspondance devrait avoir pour en-tête « cisgenre X « suivi le cas échéant de « genderfluid Y ». Exit madame et monsieur. Plus de marque de politesse différenciée. On fait du global, un forfait pour l’ensemble. Mais pour celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans leur sexe biologique, faut-il continuer à les appeler « madame » ou « monsieur »? Ils sont pas cisgenres. On devra donc les inclure dans l’en-tête du courrier si on veut être inclusif. A moins que le mot cisgenre ne devienne lui-même superflu comme on peut le constater dans les annonces à bord des trains anglais, souhaitant la bienvenue aux voyageurs, par un vibrant « Good morning everybody ». Adieu aux ladies and gentlemen. Je vais, à présent, débuter mes lettres et courriels par un sobre « bonjour X », peu importe son rang, du moment que je suis inclusif. Je pourrais aussi supprimer le patronyme et le titre qui en disent beaucoup sur les origines et la position sociale du destinataire. Il m’étonnerait fort que ces personnes distinguées, femme ou homme, apprécient ce genre de familiarité au nom de l’inclusion. On sera vite renvoyé à notre condition que l’on soit cisgenre ou genderfluid. Il y a pourtant tant de mots substituables et inclusifs dans la langue française. Pourquoi un mot plus qu’un autre? En quoi les mots « ensemble » « égalité » ou « universel » sont-ils moins inclusifs? Que faire des monsieur-dame stigmatisants lorsque l’on s’adresse à une personne inconnue dans la rue? on lui dit simplement « Hey truc ou bidule comment ça va? » ou alors on lui dit « toi » ou « vous » que l’on estimera un peu trop condescendants? Je ne sais comment le dire. Les mots me manquent. Se pose la question en littérature. Faudra t-il revoir l’ensemble des oeuvres pour en expurger les mots, les phrases ou des paragraphes non inclusifs? On passerait ensuite aux dictionnaires. Vaste chantier! N’est pas Winston Smith qui veut! On peut toujours réécrire les romans, essais et nouvelles en alexandrins, la poésie aurait peut-être beaucoup à y gagner. Comment renommer les oeuvres dont les titres comportant uniquement les mots homme et/ou femme? je pense au film de Claude Lelouch… dabada dabada. Si on change les titres de films étrangers adaptés en français, on pourrait très bien le faire pour les films français adaptés en français inclusif. Pas de problème! on fait comment pour le film de Lelouch? J’exagère sans doute, on n’en demande pas tant. Mais sait-on jamais où peuvent nous conduire nos bons sentiments?