Alangue

Ce qui surprendrait d’abord assez disgracieux c’est peut-être ce jappement de chien survenu des pavillons au loin une sorte de chien aboyer des heures durant sûrement bien davantage quand le bruit des rails ne vient le recouvrir. Ce souffle chaud ensuite ploiement indistinct des brins d’herbe points jaunes se courber recourbant taches ravitaillées au gré des entassements empierrés. Mais surtout : cet alanguissement profond alanguis troublant et comme en nuit d’été où s’engloutit la gare. La terre gorgée de pluie et de brouillard au soleil lentement se décrispe. Rien ne rompt pourtant les nuages attardés disséminant dans ce ciel chauffé à blanc stagnent outres déchargées des jours durant. Quand le ciel haut léger pèse quelque chose. Murs de crème gondolés d’attente charpente aux allures de freins rongés. Un quelque chose alangui silence à peine criblé par le ronflement continu des autos aux loin. Là soudain le passage d’un train train de marchandise dont on pouvait douter de l’existence encore. Ni crissement métallique ni embardée d’accident seulement le rail rail d’un très tôt oublié lointain déjà. Et de retour le silence. Deux fois deux voies vide gare à peine fréquentées un train peut-être se souvient des temps de l’aventure. Quelques mythes surgis d’un moine cunéiforme beaucoup de morts là-bas et d’une folie jaune couvant sous les graviers. Le train retombe sur ses roues le train retombe toujours sur toutes ses roues. Et le silence. De silence le retour. Engloutissant ou presque. Silence alanguis de lui-même non pas un bloc de silence précis situé dans l’espace mais la diffusion relâchée d’un silence distendu. six lancespercent mes pensées en attendant Imaginer alors la nuit tombée s’en ressaisir et dans le calme plein d’un pas feutré troquer quelques morceaux de rêves échappés recherche d’une solitude moins ténue appels d’air à vide d’un désir de s’en aller.

A propos de Nathanaël

Lapidaire (provisoirement) : étudiante en Lettres et Etudes théâtrales (pour le statut, c'est fait) ; a du mal à s'arracher à Rennes malgré ses études désormais sur Lyon (terres d'élection, fait) ; désir (profond) de retrouver une pratique régulière et rigoureuse de l'écriture après trois années d'obstacles.