Gérard Grisey, Georges Aperghis, Luigi Dallapicola, Kurtag, Stockhausen, Messiaen, Alban Berg, Arnold Schönberg, Bruno Maderna, Pierre Schaeffer, Pierre Henry, Ligeti, Boulez, Luigi Nono, Luciano Berio, Emmanuel Nuñez, Jonathan Harvey, Tristan Murail, Pascal Dusapin, Lachenmann, John Cage, Morton Feldman, Steve Reich, Saariaho, Ivo Malec, Luc Ferrari, Brice Pauset, Magnus Lindberg, Philippe Hurel, Philippe Manoury, Philip Glass, Michael Jarrell, Michael Levinas, Hugues Dufour, Hans Werner Henze, Yan Maresz, François Bayle, Bernard Parmegiani, Maxime Montovani, Karol Beffa, Fumio Hayasaka, André Boucourechliev, La Monte Young, Giacinto Scelsi, Salvatore Sciarrino, Georg-Frederic Haas, Jorge Lavelli, Claude Prey, Guy Reibel, Bruno Letort, Francis Miroglio, Keith Jarrett, Miles David, Theolonius Monk…
ces pieds larges et courts, les orteils tumultueux et les ongles où dorment des griffes, les plantes de pieds qui ont perdu la corne de celles de l’adolescence vaguement rebelle mais qui présentent capricieusement des gonflements irréguliers qui se résorbent, ces pieds dont la couleur varie au gré de la circulation du sang, les chevilles plus ou moins saillantes selon leur humeur mais encore dessinées, les veines qui courent le long des jambes à géométrie variable, les hanches étroites et douces qui se souviennent de ce temps où elles étaient pointues, les fesses moins fermes, la peau fripée sur l’estomac, le buste qui s’est tassé, un peu bossu résultat de l’âge et du refus, autrefois, de la phrase « tiens-toi droite, c’est ce que tu as de mieux », le souvenir bien ancré des plaisirs de la souplesse et les coups de frein plus ou moins adroits mis aux gestes brusques et déstabilisants devenus dangereux, les étroites et vaillantes épaules à tout faire, le peau tachetée, légèrement bosselée, des bras et l’entrelacement de grosses veines saillantes sur le dessus de ces courtes et larges mains plébéiennes, ces mains qui contredisent la vocation apparente de leurs paumes charnues et de leurs doigts courts par leur maladresse malicieuse et obstinée, le creusement qui se veut profond des salières et le jaillissement des deux tendons qui semblent tenter de soulager la nuque fragile, la petite tête au gros crâne, les rides profondes venues tôt, les petits yeux qui s’enfoncent de plus en plus ou le croient, et se font capricieux, leur blanc devenu rouge, la grande bouche heureuse de l’être, les stries qui découpent le visage, ces cheveux de plus en plus ternes et rares qui n’accèdent pas à la blancheur radieuse, les petites veines sensibles qui semblent courir sous eux, le nez cassé et recassé qui n’en porte pas trace, et puis tout ce qui reste, réagit, refuse, ronronne, se rebelle et s’endort dans cette enveloppe, cette vieille compagne aimée et malmenée.
images © Brigitte Célérier – Avignon – 2021
beau regard… :°))
« cette vieille compagne aimée et malmenée. »
Une âme dans un corps, un corps fait âme
Piero, merci – ai tenté de l’attendrir 🙂
Christian comme tous (mais le compagnonnage est plus ou moins long)
Très sensible à ce texte du corps, Brigitte. Merci….et nos mains se font écho en photo…
merci… vais vite voir
quelle rapidité! merci 😉
Oui, c’est dans tout ce qui reste que réside l’éternelle adolescence ! Bravo Brigitte, pour ses reliefs, on est devant un paysage dont bien des peintres se régaleraient !
Je suis épatée par ce portrait tout en tendresse, la distance de la sérénité, de la sagesse…
Isabelle, Marlen… qu’on l’aime ou non avec l’âge on devient tolérant envers lui même si lui ne l’est pas tant
oh! Beau, la sève court, pulse… donne en Vie de se lever matin avec toutes les fêlures
La vie dans un corps bien présent avec sa musique…
Nathalie … euh un certain temps pour se décider tout de même
merci Solange
L’immatérielle Brigitte dans la Brigitte enveloppante. Je pense à Rilke :
“Tu dis, il ne s’agit pas de l’homme-Rilke : moi aussi, je suis brouillé avec lui, avec son corps, ce corps avec lequel avait toujours été possible jusqu’ici une entente si pure que souvent je ne savais plus qui était plus heureusement poète : lui, moi, nous deux ? (Plantes des pieds bienheureuses, si souvent bienheureuses de marcher sur tout, sur la terre, bienheureuses de leur premier savoir, de leur pressentiment, de leur complicité au-delà de tout savoir !). Et maintenant la discorde, le double costume, l’âme autrement vêtue, le corps déguisé différent.”
Merci Brigetoun, quand je pense que tu as faillis ne pas
très beau votre commentaire Emmanuelle, mais même au moment des plantes de pieds bienheureuses je n’aimais pas beaucoup ou pas du tout ce corps que trouvais lourd et sans charme
Caroline, mais là je n’arrive pas à vous lire et je crains bien que vais être incapable de suivre les semaines de juillet (là il faut que je creuse un peu mon ignorance de la ville qui ne sera pas dite mais qui pourrait être une existante que je ne connais pas pour l’autre atelier) – l’époque où je menais tout de front plus ou moins bien n’est plus… autres plaisirs
je taquine, mais ça me manquerait beaucoup, en attendant je rame aussi pour l’autre atelier
Bravo Brigitte
merci 🙂
Une bien belle et forte intimité.
merci
Très beau texte sur le corps, très sensible.
Merci pour l’accumulation qui précède, cela me donne envie d’aller découvrir certains noms, nombreux, que je ne connais pas.
pour certains on trouve peu et pour beaucoup je trouve que l’écoute en direct est nécessaire… raison de ma nostalgie résignée
Le corps-Ardèche, en monts et vallées, donne envie de s’y assoupir bien tendrement
Françpise je trouve qu’il a honteusement grossi (mais j’exagère) … il reste assez peu confortable pour qui voudrait s’assoupir appuyé à lui
Très joli texte, je suis impressionné.
oh ! faut pas (rire)
puissant corps-paysage !