Comme, pour le secret chuchoté, l’enfant met sa main en coquille autour de l’oreille, l’abat-jour, enroulant la lumière, la tamise. Dans son action sauvage d’abattre et domestiquer le jour, il prend modèle sur la corolle des fleurs, qui prolonge et protège le siège discret du pollen, enfoui dans le bouton. Sans lui, l’ampoule comme structure, de soleil chaussé dans son culot, serait trop visible, et aveuglante sa lumière. Comme pour l’eau l’implacable passoire, l’abat-jour organise son tri rond, de d’abord capter puis diffuser les rayons. Paupière immobile, il oppose aux faisceaux sa pacifique parade. Les enfants savent: la lune, c’est un soleil abattu.