A Saïda enfant – y en avait un dans la cuisine et un en haut de l’arbre… dans la chambre (oui bien sûr ouais) – ma mère faisait tout le temps des gâteaux toutes les occasions – hein c’est marrant elle aimait faire les gâteaux – et c’était des grandes plaques comme ça elle faisait des petits gâteaux elle appelait ça des petits gâteaux secs parce que… alors elle avait ni mesure ni rien elle faisait tout au pif ma mère, c’était…une machine…une poignée de ceci, une poignée de cela, mais c’était toujours bon.
Toujours cette appréhension, comme avant un plongeon. Peut-on survivre ? Cela arrive toujours à la fin. Fin de repas. Fin d’après-midi. Peut-on y survivre ? Besoin de me préparer. Ne prendra qu’une tranche, une petite, une moitié. Impossibilité de comprendre son intérieur. Ne sait pas si ça va rentrer. Tout au pif. Oui je vois bien. Je me souviens. Je n’étais peut-être pas à Saïda, jamais mes pieds n’ont foulé ce sol ailleurs que dans mes rêves ou tes photos, mais le goût, le goût, je sais que je l’ai. Ce que tu dis, c’est dans ma bouche. Je l’attrape, c’est la contagion du gâteau. Est-ce que ça veut dire que nous avons le même palais ? La salive s’assèche à chaque bouchée. Papilles entraînées à reconnaître ce goût du simple et du hasard. Confusion. Ta mère, ma grand-mère, histoires de famille, de générations, on s’en fiche un peu. C’est comment tu dis le goût. Moi aussi je le pense. Vais même plus loin. Etouffée par le gâteau simple, cercle vide en son centre, le ventre gonfle comme un ballon de baudruche. Pluriel, singulier, quand tu sais comment ça se termine cette affaire… Ben quoi, ce n’est pas vulgaire, c’est la nature. Trop plein. Comment tu sais que ce goût que je ressens tu le ressens également ? Une pièce qui n’est pas si sucrée. Le beurre. La pâte. La croute. Tout le repas dominical qui remonte. Le gâteau éponge. Le gâteau ancêtre de celui que façonnent les mains minuscules, mettre les yaourts dans le saladier, puis réutilise les pots pour les mesures, c’est drôle c’est simple, évident. Confusion. Pourtant tes doigts vont plus vite. Renverse un peu plus de sucre, mets un peu moins de farine. Une poignée de ceci, une poignée de cela. Faire descendre l’objet, pas le goût. Faire glisser à grands coups d’eau chaude. Miettes paillettes gencive. Où se placer, mais dans la bouche, là où le doré devient bouillie. Là où ce goût est un souvenir dont tu te rappelles seulement par le goût qui ponctue la fin du repas, le café s’absorbe dans le moelleux, ou bien thé, le thé fait glisser en blocs compacts le gâteau. Dans mon ventre des roches claires roulées dans les miettes et la salive, de l’air. Ventre-cimetière. J’en redemande, comme un goût d’immortalité.
pour moi ce serait un gâteau u chocolat toujours brûlé à l’extérieur et caffi à l’intérieur
mais je serais, ça c’es certain, d’un tirer tel texte