Mille nuits aux quatre murs quelconques, composez le 9, estampillés Maison du Monde ou presque, et toujours ce flacon, avec soi emporté, là déposé, respire, quelques gouttes d’un possible chez soi
Ce lit de quelques années, poing serré, index gonflé, écoute la nuit, entends ce qui sourd, saisis l’air autour figé, il faut pourtant dormir
Sommeils électriques, hier ou là-bas, comme la peau nue comme le ciel ; il y a toujours une fenêtre à ouvrir en grand, s’allonger devant, bercée, le vent respire dans les rideaux d’orages gonflés
Deux nuits pas une de plus ; murs rayés, temps haché, lumières blanches en ricochet, 20 secondes recroquevillées, transpirées, contractées
Une pierre large et plate, plus bas une rivière assoiffée, il est encore frais le long du dos ce bout de monde, léger, humide le sommeil étoilé dévalant prudent les falaises
Je ne voulais pas dormir car il y avait ces pages et cette lampe cassée à côté, paupières livrées dans un combat contre leur propre pesanteur
Ce lit occupant tout l’espace et ce casque vissé sur les oreilles de cette nuit, trop forte la musique vissée dans les entrailles de ce sommeil
Langue anisée, je souris encore, anisé aussi le matelas, seul un cafard passe
Il y a tant ici à regarder, tout est reconnu, le moindre objet aimé et pourtant, rien ne compte plus que la couverture sur soi refermée, seule gravité au corps imposée
La chambre résonne, le ventilateur souffle, la peau transpire, chaque bruit se glisse sous les draps : qui dedans, quoi dehors, et cette voix, et ce pas, ha cette nuit-là !
Notice : « ici, j’ai dormi », « partout ailleurs, j’ai dormi », « là-bas je n’ai pas réussi », « l’endroit compte-t-il vraiment ? » le sommeil est venu avant la réponse.
Très beau textes. Sentiment que même si cela parle de nuits, il fait jour, il y’a du soleil.
L’oubli ( ou bien c’est volontaire ) du passage « casque vissé sur les oreilles » dans la version sonore a déplacé mon point de vue. L’effet est assez surprenant. Merci.
Merci Romain,
Disons que c’est un acte manqué, moi qui était sous mon casque à enregistrer et de manquer le passage qui y fait allusion 😉
mais oui. et cela donne tout son sens. 👍
Un rythme berçant…
Merci Elise, Une berceuse, voilà de quoi revenir à des lieux où nous avons dormi
Chapeau bas.
Haut merci!
on est à l’écoute et c’est chouette….
J’adore ce mot « chouette ». Si un jour je « fais un livre », il devra y être. Merci pour l’écoute 🙂
Du rythme, des images, un style bien à vous !
Merci Laurence 🙂
Plein d’images et de sensations poétiques que j’aime.
J’aime aussi ta voix. Récemment j’ai animé un atelier d’écriture sur les souvenirs de voix, ce qui résonne dans sa propre voix. La voix donne la vie au texte. Du coup je vais me lancer aussi, essayer. Merci pour cet élan.
Merci pour ton écoute! Je trouve aussi qu’il y a de la magie dans une voix qui révèle un texte. Et j’ai vraiment envie d’entendre des voix d’ici 🙂 Alors hâte!
J’aurais envie d’accélérer le sommeil dévalant les falaises (belle image). Si l’on déplace une pierre, cela changerait-il le texte ? la voix ? le rythme ?
J’aime beaucoup cette idée, de déplacer une pierre 🙂
Merci, j’adore. J’ai écouté le texte en le suivant à l’écran. Je me suis vraiment senti dans les sensations. C’est poétique évidemment mais sans tomber dans les écueils habituels.
Merci Aurélien, pour ton écoute et ta lecture. J’y suis allée à tâtons, doutant beaucoup sur ce principe de capter la sensation mais sans rien dire ou presque. Heureuse que la sensation poétique réunisse le tout à tes yeux 🙂