A la dépose, j’ai toujours un moment d’attention à mon taxi, bien observer les possibilités de la voirie, bien se ranger, pour éviter tout risque de rayure de carrosserie… Là, c’était juste après le pont de l’académie. Une fois que je reviens aux clients, deux ce jour-là, je sens que ka discussion est animée entre eux. En fait je sens plus que je ne comprends, on dirait qu’ils ne parlent pas la même langue que moi et pourtant il y a indiscutablement des mots de suédois. Dans cette académie bizarre viennent vraiment des gens bizarres… Ceux-là n’arrêtent pas de parler de « rature » depuis le début de la course, l’un cherche dans un livre, l’autre pianote sur sa tablette. J’espère qu’ils ne vont pas se taper dessus avec. En tout cas, moi, la course est payée, je me tire…
_ Eh, messieurs, du calme… Ben oui, je m’en mêle, je suis gardien de l’ordre public autour de ce carrefour… Et non, je ne m’occupe pas seulement des voitures mais aussi des violences potentielles… Et là, vous monsieur, en vous voyant tenir à bout de bras votre tablette et faire de l’autre bras de grands gestes en direction de monsieur, j’ai craint que ne vous en serviez comme d’un objet contondant… oui, contre vous monsieur qui tenez d’ailleurs piteusement votre livre, comme si vous veniez d’en faire un usage indélicat…
_ Mais qu’est ce que c’est que ce raffut au portail ? J’ai vu un taxi déposer Pelle et Svante et puis aussitôt l’agent de police du carrefour est allé vers eux, il y a eu des éclats de voix… Ah, ces deux-là, ils ont de bonnes idées mais ça ne tire pas toujours dans le même sens. J’ai bien lu les comptes-rendus des réunions de l’académie pendant que j’étais malade et que Bo tenait le secrétariat de séance à ma place : ils sont prêts à nous rejouer à eux tous seuls la querelle des anciens et des modernes !