Silence toi dans l’ardeur extrême de l’attente car il faudra se faire muet patient et douloureux humusse toi dans l’engourdissement de la mort racine toi pour les temps obscurs patiente toi de promesse sous le feu glacial feuille toi monde pour absorber les douleurs. Qu’une sève de mots puisse couvrir l’ombre de ton écorce que s’écrive dans le silence la langue qui nous délivre de la folie absorbe l’horreur arbre pour rendre espace à l’élan que ton feuillage bruisse de tous les mots éteints et des cris étouffés Déluge toi monde dévale les terres grasses de la mort dans les traces minuscules du renouveau ancienne toi dans le grand courant vital dont chaque mort est un arrachement une perte à tout jamais et une sève de mémoire.
Très fort. Enserré dans ces racines qui m’étouffent pour me soumettre à leur autorité. Merci.
A vrai dire j’ai hésité sur les racines. N’aime pas ce mot. Un livre de Maurizio Bettini : « contre les racines ». Mais l’arbre réunissait l’idée de d’absorption et de transformation, celle de circulation de la sève aussi et surtout le « liber », cette partie interne de l’écorce sur laquelle on écrit.
« la langue… arbre. » me parle . Merci Christian.