#anthologie #12 | Bombay, Tegucigalpa, Casablanca

A Bombay, l’allée des mendiants juchés, allongés à terre, estropiés, diminués qui montent ou qui descendent vers l’aéroport. Disparus de là aujourd’hui, plus le droit de venir. Grâce, misère et majesté. Hommes en chemises blanches impeccables, bruns, jeunes, tous incroyablement jeunes, femmes droites et fines, dansantes et marchantes en saris irisés. Cet enfant qui poursuit, qui quémande, qui supplie pour une petite pièce, Ne lui réponds pas, ne lui donnes rien sinon ils viendront par dizaines… Le taxi le lendemain pour la gare, des mendiants se jettent devant nous. La dérisoire protection de la carrosserie . Plus tard à Delhi, ce petit bébé qui surgit en riant, les fesses à l’air, il vient d’échapper à la surveillance de son grand frère, mais ce n’est pas un jeu, c’est pour de vrai, ils vivent dans la rue. Quand on est petit, c’est toujours un jeu de s’échapper, d’échapper à qui vous aime, de toutes les façons, quoiqu’il arrive.

A Tegucigalpa, aux Honduras, cet enfant surgi de l’ombre, il veut finir nos restes dans nos assiettes. Soleil et évangélistes américains

A Casablanca, l’odeur de cumin aux premiers pas à l’aéroport, nos enfants seulement choqués de voir des canettes de coca jetées par terre, rue Urbat à Safi

A propos de Monica

Je n'ai pas souvenir du temps où je n'écrivais pas mais il y a de longues périodes où j'écris peu, voire pas du tout. Comme a dit François Bon dans son introduction, cette fois-ci, j'écris pour "sauver ma peau" . L'expression m'a frappée. Je vis entre la région parisienne et un endroit un peu perdu au sud de Millau.