Elle semble tranquille lorsque je la regarde- l’eau au fond du vieux puits – stagne. Elle sert à l’arrosage des plantes vivaces et des roses assoiffées.
Les murs moussus qui l’entourent abritent des fougères et des scolopendres. Des touffes de capillaires des murailles s’y nichent. Ecrin vert. L’eau du puits semble dormante, presque inoffensive. Fraîche, elle offre sa surface sombre et sans fond et fascine par son absence de miroitement lorsqu’elle est basse. Trou noir abyssal. Ses clapotis dansent au premier orage et viennent rider son onde. L’eau monte alors alerte et claire. Elle déborde vite les remparts de pierres sèches. Elle engloutit, déborde, dévale et inonde les jardins alentours. L’eau retourne à la terre et se fait boueuse, visqueuse ou marécageuse. Elle envahit et franchit les cours, les caves des maisons et les prés. Ses colères imprévues nourrissent les peurs enfantines et les frayeurs nocturnes. On interdit alors de l’approcher malgré la séduction innombrable de ses jeux. Une grille cadenassée condamne désormais son ouverture et l’emprisonne docile et muselée.