#photofictions #06 | en suspension

Phosphènes en suspension dans un silence de nuit flottant
sur des formes sombres indistinctes comme pluie de cendres devant l’œil cherchant à délimiter les plis d’un drap bordant l’arrondi d’une épaule et la blancheur obscurcie d’une joue pleine d’enfant englouti dans le sommeil emplissant toute la surface carrée de l’image

Sous les paupières d’autres phosphènes presque les mêmes peuplent le seuil des rêves qui naitront peut-être dans l’obscurité que troublent parfois ces points vifs de lumière résiduelle s’agglutinant et s’enroulant en fractales colorées bleu électrique orange fluo bordé de jaune soleil qui s’agrandissent puis se rétractent comme des anémones de mer

Langue de chien rose baveuse contre une fleur de soucoupe
en porcelaine peut-être une pivoine aux pétales ombrés de rose foncé presque rouge dans un motif so british qui enroule le contour également rouge de ses petites feuilles que des auréoles vert pâle viennent parfois teinter comme ici sous un filet de bave étiré    

Bougé tremblé dans la vibration de la rame le fondu oblique de corps superposés en transparence sous le halo de lumière éclaboussé en traces laiteuses comme un voile léger couvrant baskets et bas de pantalons sombres et manches d’imperméables avec mains fermées sur écrans de téléphone ou agrippant barre métallique et dans un coin écouteurs aux oreilles un visage immobile dans son rêve 

Flou ton visage saisi de trois quarts dans une pénombre avec suffisamment de jour pour éclairer ta beauté adolescente et suffisamment d’ombre pour te rendre presque anonyme ainsi
tu avais accepté de te prêter à ce dispositif où ton portrait me servirait d’esquisse pour un personnage (déjà L.?) mais je ne savais pas comment bien capter cette image de toi l’autre que je voyais dans ma tête, qui n’existait que dans ma tête

Un chien imprévu s'est invité dans ces images. Force de suggestion de la proposition ?

A propos de Muriel Boussarie

Je travaille sur un chantier d’écriture au long cours et j’espère avoir assez de souffle pour le mener à terme. L’intuition de ce projet a surgi ici, dans un atelier du Tiers Livre. Il était question de se perdre dans la ville. Comme je ne voulais pas suivre une piste trop autobiographique, j’ai délocalisé l’errance en la situant dans la ville de K., un avatar de Hong Kong qui m’avait tant fascinée. Alors un personnage, un homme, Tu, toujours interpellé, est immédiatement apparu dans une rue de K. où il s’était égaré. Malgré cette entrée en matière – très forte pour moi – je n’ai pas pensé au départ écrire une histoire, encore moins un livre. Mais je voulais écrire, rêver un univers, celui de K. Quelques textes ont ainsi vu le jour sur mon blog. Puis lors d’un nouvel atelier de François Bon, un fil d’histoire plus précis s’est ébauché : le départ de Tu et L. vers les îles pour fuir la dictature qui sévit à K. À ce moment-là s’est déclenché un grand désir de narration. Beaucoup de choses se sont précisées au fil de l’écriture, bien des personnages sont apparus… Et régulièrement j’utilise des consignes de l’atelier comme pistes pour développer mon récit.

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