Quand on est enfant, on vit dans le présent comme un animal, c’est plus tard que le futur et le passé viennent amplifier, modifier, déranger, compliquer notre perception des choses. Ce matin comme tous les autres, nous avons déjeuné, céréales et lait, chocolat au lait, puis nous nous sommes lavé les dents, habillé, investis dans le moment. Nous avons pris nos cartables, moi j’étais le grand, elle la petite. J’étais celui qui protège, qui fait attention à l’autre. On est descendu, on est sorti de l’immeuble, on a longé le parking, au bout on a tourné à droite. On parlait, quelques fois, elle me questionnait, je répondais comme je pouvais, un enfant ne sait pas tout. Et il ya des choses qui ne s’explique pas, car on ne peut pas. Au feu, on a attendu pour traverser, puis on a avancé lentement, elle me questionnait, pourquoi ? Pourquoi ? On est arrivé au garage, il a fallu choisir, avancer discrètement ou courir. Selon les jours, selon les semaines, notre stratégie évoluait. Les grandes portes en métal étaient ouvertes, on était à la fin du printemps, on voyait les voitures sur les ponts, les hommes en combinaison grise couverte de traces noires s’activaient en dessous, le bruit des machines pneumatiques ou hydrauliques, le bruit des moteurs, des hommes entre-eux parlaient fort. Il pouvait venir de n’importe quel endroit, on était toujours surpris, comment faisait-il pour nous surprendre. Pourtant, on était attentif. Il a surgi, là, énorme, hurlant, pourquoi ce jour-là ? On était tétanisés. On a attendu. Il est venu. Sa tête au dessus de mon visage, le temps s’est arrêté. Il a ouvert ses mâchoires.
Merci, Laurent. Enfin, merci ? ou super plutôt. Je ne sais pas bien faire de commentaires, mais j’aime te lire, et toujours surprise.
Merci Simone, ça me fait plaisir de savoir que mon texte t’as plu, c’est le principal; les commentaires, moi aussi je trouve cela difficile.
Merci Laurent (mes peurs réveillées).
Merci Nathalie.