Ce qui l’attend : fruits trop mûrs, bonnes affaires. Faut avoir l’œil, elle en a une bonne paire, constamment écarquillée, prête à capter. Entre midi et deux, pas décidé, jusqu’au marché, même quand il pleut. Va et revient les bras chargés de sacs remplis. Cheveux trempés, elle remplit le frigo, raconte à celleux qui passent des histoires. Son équipe gronde pour les cheveux, réclame des histoires. Elle sait l’importance de parler de l’ailleurs quand ici c’est déjà partout.
Sa voix douce bourdonne dans la chaleur. Elle suit du regard le plus grand. Il s’est déjà fait des amis. Yeux cernés de nuit sans sommeil. Elle lui sourit de temps en temps. Puis elle retourne ses yeux plissés par le soleil vers la mère et le petit. Lui joue les koalas, tripote le corps de sa mère qui se laisse déborder. C’est elle qui doit poser la limite quand le garçon déshabille sa mère.
La gosse et son corps courbé sur lui-même, nautile englué dans la fusion de sa mère. Reçue séparément, protocole à établir, dans la pièce pas tout à fait séparée de ce qui fait extérieur, ville, danger. Elle s’échine à rentrer dans ses yeux. L’entrée ne peut être sonore. Elle ne veut pas combler le silence de l’enfant qui ne parle que pour répondre, des mots avalés. Elle se présente désarmée, grain de sable qui s’accroche.
Bonsoir Alice,
Tes « Elles » sont à la fois très réalistes et très poétiques.
Merci !
Très fort ces textes et leur rapport au corps
Rétroliens : fragments de juin – faire signe