Au milieu des espaces verts entre les immeubles carrés de trois étages, il y a deux bancs de ciment, face à face, éloignés de quelques mètres, à l’ombre du robinier et du prunus aux feuilles violettes, entourés d’arbustes et d’une courte haie sur le côté. La pelouse est desséchée. Le va-et-vient des habitants de la résidence y a dessiné la trace d’un sentier. Sur les balcons des plantes, des jardinières suspendues, des sèche-linges, des jouets, des tentures, des rideaux, des cannisses, des étagères, des petites piscines gonflables. Jamais personne ne s’assoit sur les bancs sauf à la belle saison, deux hommes. L’un, la barbe bien taillée, raisonnablement ventru, promène un petit chien roux auquel il donne parfois des ordres, viens ici, au pied ! L’autre, maigre, porte un pantalon chasseur-pêcheur ou un jean gris. Il a le regard clair et les paupières rougies. On devine sur son visage le petit garçon qu’il a été. Son chien, un vieil épagneul marron et blanc a lui aussi les yeux rougis. Les deux hommes s’installent sur le banc le plus ombragé le dimanche matin ou en fin d’après midi. Les chiens autour d’eux, ils restent en silence ou bavardent. L’écho de leurs voix monte sans que l’on puisse distinguer ce qu’ils disent.
Il faut être un homme -et même deux -pour occuper cette place sur les bancs, exposée aux regards aveugles des balcons.
J’aime bien cette rencontre silencieuse dont le banc est le complice muet.
les aime, oui
J’aime la précision et l’exactitude de la nomination sobre, claire et nette. Et cette chute qui fait longtemps écho par rebonds successifs . . .
Merci merci pour vos lectures 🙂