Elle est calfeutrée dans la tenue qui la désigne, blouse rose à rayures blanches, afin de ne pas être confondue avec les maîtresses de l’école maternelle. Penchée sur un tout petit en larmes qui n’a pas eu le temps d’arriver aux toilettes. Tout est dans le geste, simple et empli de tendresse dont elle est revêtue. La dame de service, l’ATSEM comme on la nomme aujourd’hui, changera l’enfant en lui parlant du joli dessin qu’il a fait, du goûter qu’il va bientôt manger et puis murmurera tu sais c’est bientôt l’heure des mamans.
Elle passe le balai et la serpillière sous le brancard aux urgences de l’hôpital où règnent folie et angoisse. Où pourrait bien sourdre une révolte. Et tout en s’activant, allant chercher dans les coins et les recoins toute la saleté d’un monde en perdition, pliant et dépliant son corps endolori, elle échange quelques mots avec le patient âgé, un peu perdu et qui réclame sa fille. Elle le rassure et, finissant le travail pour lequel elle est minutée, lui adresse le sourire digne de celui d’une fille.
Elle est veilleuse de nuit à l’EHPAD. Seule pour un grand nombre de résidents. Les protections à changer en pleine nuit, les cauchemars à apaiser, les cris à calmer, et parfois les conversations avec un insomniaque qui lui demande de raconter sa vie, comme ça il aura un peu l’impression de faire partie de sa famille, et il se sentira moins seul. Elle s’assoit quelques instants auprès de lui et converse comme avec un ami. Puis l’alarme de la chambre à côté sonne, elle sait que là des insultes l’attendent.
Merci Solange pour ces portraits qu’on imagine très bien.