Elle arrive avec un visa. Un visa de tourisme. Elle est dans les règles pour quelques semaines. Son cousin lui a dit t’en fais pas quand tu seras ici on verra pour les papiers. On verra pour le travail. Elle va trouver du travail. Elle va signer un contrat, elle sera déclarée, elle pourra obtenir une carte d’assurance maladie, elle pourra obtenir un logement, signer un bail, ouvrir un compte bancaire, prendre un abonnement de bus, inscrire son fils à la cantine, elle pourra demander un visa de travail, oui, car elle aura un travail. Elle a un travail maintenant, elle est à la préfecture pour faire son visa de travail, elle ne comprend pas ce que lui dit la femme qui la reçoit, elle n’est pas déclarée, elle n’a jamais été déclarée, mais j’ai un travail je vous dis je suis femme de ménage à l’hôtel qui se trouve sur le port, vous voyez lequel, j’ai un travail, non non non dit la femme, officiellement, pas de déclaration, pas de travail, vous n’avez pas de travail, vous ne pouvez pas avoir de carte maladie, mais mon fils il est, pas de travail, pas de déclaration, pas de visa, vous n’existez pas chez nous madame. C’est ce que lui a dit la femme à la préfecture. Vous n’avez même pas le droit d’être ici. Vous n’avez pas été déclarée, vous n’avez pas les papiers, vous n’avez pas de visa, vous n’existez pas.
Tous ces fichus papiers qu’il faut pour exister !
Céline, ton texte est beau et engagé.
Merci à toi !
Merci! C’est un texte que je vais essayer de déployer au travers d’une scène théâtrale, probablement… A suivre!
merci. Criant de vérité… en attente de sa mise en avant sur une scène