écrire au café pour être ailleurs enfin surtout dans un endroit où je limite le champ de mes distractions. Au café je ne me lève pas pour un rien: pour vérifier si la machine à laver le linge a fini son cycle, pour mettre en route le four, pour aller regarder dans le miroir de la salle de bain quel est ce bouton qui me gène au coin du nez, pour guetter par la fenêtre l’arrivée du facteur. Et surtout au café je ne peux pas donner libre cours à mon angoisse de ne pas y arriver, à mon énervement de ne pas comprendre la consigne, à ma détresse d’avoir tant de mal à commencer. Au café je ressens toutes ces émotions, je n’en suis pas libérée mais je dois les contenir alors je les modèle, je me force à leur trouver une forme, j’écris en vrac, et petit à petit la concentration arrive, m’enveloppe doucement. Être sous le regard, devoir respecter une certaine discrétion, cela me structure et favorise mon entrée dans le travail de l’écriture. Merci cafés, bistrots, terrasses.
C’est tellement vrai. Merci pour cette mise en lumière.