vingt-quatre juin
À sa table jamais – lui quand il travaillait à la maison , à A., le samedi après-midi ou le dimanche – il allait travailler parfois le dimanche matin, il passait au bureau ou aux dépôts (à P. ou à M. – j’y travaillerai plus tard) il m’emmenait parfois – c’était sur la table de la salle à manger sa règle à calcul blanche et son critérium noir ses papiers sa concentration – mais il n’est pas là – elle non, jamais à table, en général elle vaquait (elle bouinait on dirait maintenant) d’ailleurs elle n’en avait pas de table – à elle – comme de chambre à elle non plus – elle n’écrivait pas, elle avait à faire disait-elle pour couper court aux discussions oiseuses, elle vaquait j’ai l’impression dans ces années-là elle devait avoir le passeport avec les photos je suppose ou je rêve j’hallucine j’interprète – non c’est tout, elle assise qui fume son clopo oui, sur les escaliers du jardin en train d’écouter ce qu’on lui dit, ce qu’on lui raconte sur cette rentrée des classes-là – oui, peut-être mais c’était bien après – là, pour le moment, rien d’autre d’elle que ce qui paraît normal, les clés de la 4 chevaux sans doute – lui mettait son porte clé dans la poche poitrine de sa veste – il était vêtu comme il fallait qu’il le soit, costume cravate, cadre col blanc, quelque chose de la direction – pas au début, loin de là, mais il était vêtu d’une veste – ne me demande pas pourquoi j’en porte, s’il te plaît – de sa poche poitrine dépassait ce petit poisson argenté et articulé un petit objet qui le faisait rire, il le laissait dépasser – il riait quand je lui demandais pourquoi, pourquoi arborer exhiber donner en spectacle ce petit bidule d’argent ? – il a le même effet que la main de fatma (c’est la même qui fait partie du triptyque salazariste (qu’il soit maudit*) Famille Football Fatima) – il riait car le mauvais œil était écarté éloigné et le sort était contrarié – superstition croyance religion foi – celles aussi de la Dauphine il faut bien qu’on invente son sac à main un tube de rouge aux lèvres sans doute – il y avait ce porte-cigarettes en argent rayé d’un micas noir profond, sur la petite table ou sur la tablette sur le radiateur (mais c’était bien après, il venait de là pourtant) – ces objets auxquels ont s’attache – de papiers non – ce papier-là, ce passeport où étaient portés les noms et prénoms des enfants, couverture de carton marron fort, pages intérieures bleues – les photos fichées sur ces feuilles d’œillets de ferraille – ce papier-là pages multiples qui bientôt seraient estampillées d’arabe puis de français, ce papier ce carnet sauf-conduit signifiait surtout l’appartenance de la famille à cette nation, cette nationalité surtout, aussi, son père comme le père de son mari avaient opté, y avaient souscrit, un décret qui les rendait
* : notule du wtf Larousse (1961, 6°tirage) (p. 1679) à ce nom maudit (comme son abjecte pide) de
Salazar : (Antonio de OLIVEIRA), homme d’État portugais né à Vimeiro en 1889. Ministre des Finances (1928) et président du Conseil (1932). Il a fondé le nouvel État portugais sur le régime corporatif et maintenu son pays dans la neutralité.
Édifiant.
mode différent - écriture papier puis sur doc en .odt puis copiée collée corrigée comme pour le journal du confinement de l'aiR Nu - ça a bifurqué, un peu sur l'ordure, mais il faudra parler du contexte quand même - sans image
ah la poche poitrine de la veste . Lui c’était des stylos ( qui pouvaient fuir) et un critérium noir souvent. Bouiner (merci je ne connaissais pas )
Bonjour et merci Piero. Des passeports, des décrets, des contextes. Et tenir à l’écart le mauvais œil.