La tête penchée et le front large, le rideau d’étoffe lourde et moirée que soulève un courant d’air impossible, la nappe multicolore aux motifs orientaux et géométriques, la fenêtre, la coupelle renversée et les fruits épars, la chaise de cuir brun et les clous dorés, les cheveux d’or tressés en un chignon léger, la mèche qui s’échappe, ondule et coule le long de la joue. Du fond de la pièce, il regarde.
Les petites fenêtres éclairées sur rue et les coursives étroites, le globe lumineux et les contours de la terre sur le rebord de l’une d’entre elles, les larges fenêtres sur cour, les lueurs dorées du parquet et de la tranche des livres, les étudiants penchés, les fenêtres à glissière qui donnent sur les toits, les jambes ballantes dans le vide et le temps suspendu. Depuis la rue, depuis la cour, depuis les toits, il regarde.
Les mouvements secs et les ombres chinoises, les silhouettes bondissantes, les ellipses et la lumière changeante, les archétypes et les rôles, le trompe l’œil, la rotation du décor, du fond de la pièce, ils regardent.
La carte exposée au mur, la fenêtre ouverte, la coiffe de tissu blanc, les lignes de velours noir sur la soie dorée, la même chaise aux mêmes clous dorés, l’homme au chapeau large et au bras sûr, la main repliée contre la hanche, l’autre main inclinée contre le menton, son manteau rouge, ses manches bouffantes, la femme sourit, la ligne tendue des regards.
ENTRACTE.
Codicille : Partir des fenêtres de Vermeer, naviguer dans quelques souvenirs, atterrir dans un théâtre… J’ai cherché des décors représentant une ville, je suis tombée sur un article de l’institut international de la marionnette relatif au théâtre de papier…ce même institut international devant lequel je passais précisément hier dans les rues de Charleville Mézières que je parcourais pour la première fois, m’étonnant d’un mouvement social en cours, « marionnettistes en colère, on vous manipule »… Droit d’inventaire, devoir d’inventaire, l’inventaire du théâtre de papier est terminé. https://marionnette.com/actus/centre-de-documentation-l-inventaire-du-theatre-de-papier-est-termine Quel rapport avec la consigne… cadres et déambulation à travers les cadres… ténu ténu le lien… à peine tissé déjà qui s’effiloche, le regard porté est lui même objet d’observation, à vouloir regarder les petites fenêtres alignées devant ou en soi, voilà qu’on se glisse dans un jeu de fenêtres emboîtées, le dehors est « vu par », lui-même prisonnier du cadre, en diagonale se déverse d’un dehors invisible une lumière fictive…
pas dans la consigne ? Après tout pourquoi pas puisque ça vit?
Rétroliens : #40jours #40 | L’impression très joyeuse de la connaître / pour un art poétique narcissique – Tiers Livre | les 40 jours