Ne te lève pas. Non, pas maintenant. Ne vois-tu pas qu’il fait encore nuit ? Regarde le ciel, tout est encore noir, alors oui, c’est la nuit. On ne voit rien dehors, ni les feuilles qui frémissent dans le vent, ni d’homme qui promenerait son chien. Ça veut dire que c’est la nuit et personne n’est debout à cette heure.
Ne te lève pas, reste encore un peu au lit. Ce n’est pas le moment d’allumer le monde, de convoquer tout ce bruit. Tu as bien le temps et les journées sont si longues. Pourquoi ne pas prolonger cette nuit ? Il n’y a qu’à faire le chemin inverse. Retourne toi, marche dans tes pas, exactement au même endroit où tu as posé le pied, retrouve ce songe qui était tien, le poids sur tes paupières.
Ne te lève pas, tu as encore le choix. Tu peux, si tu veux, y retourner. Tu étais tout endormi, tu te souviens ? Tu secouais tes rêves en marchant, tu dépoussierais ta carcasse. Tu essayais de te débarrasser d’un voile de nuit qui était restée sur ton visage. Tu forçais ton corps à s’animer, il resistait mollement. Ton âme afleurait à peine, ton esprit se reposait encore. Oublie que tu t’es déjà levé et retourne te coucher.
Il est des heures où l’on se tait. Où rien ne bouge et où l’on ose à peine murmurer. Il est des heures où l’on se revêt de drames, il ne vaut mieux pas les tenter. Et toi, au visage si jeune et à moitié parti, aux mains encombrées de rêves et d’aventures, savoure cette heure si tendre où il est permis de s’accrocher à tes rêves.
secouer mes rêves en marchant… (je vais y penser dans la forêt ) Merci Irène
Votre texte m’aide à rêver. Il est très beau. « Ton âme affleurait à peine, ton esprit se reposait encore. »
Merci d’être passées par là Nathalie, Simone et de vos commentaires. J’étais moi-même encore un peu endormie ce matin.
très beau cette image de visage « si jeune et à moitié parti »