Les pneus crissent sur le gravier du chemin, un claquement de porte, des pas dans les cailloux. Elle monte les quelques marches de la terrasse et appuie ses mains contre la porte-vitrée. Elle regarde à l’intérieur, dans le contre-jour. Sa voiture est garée sur le trottoir. Mais aucune trace de lui, tous deux ont bel et bien disparus.
Elle fait le tour de la maison, entre dans le jardin. Le gazon est parsemé de paquerettes. Des petites tâches blanches sur la nappe verte. Deux chaises longues prennent le soleil au fond. Au milieu, une table en fer forgé éclairée par la lumière du printemps. Des tas de papiers, un stylo rouge, deux tasses abandonnées à moitié bues, un sachet de thé éventré à côté d’une cuillère mouillée de café, quelques grains de sucre blanc. Il ne reste que des traces de leur présence.
Mouchette, pelotonnée sur l’une des chaises, lève à peine le menton à son arrivée. La chatte plisse ses yeux jaunes, accepte la caresse en baissant la tête, mais ne dit rien. Elle ignore si elle est contente de la voir. L’animal tourne la tête, indifférente à la scène. Le vent fait tourner les pages d’un livre abandonné sur une des chaises longues. Mouchette la regarde fixement une dernière fois avant de se détourner et de se retirer dans les buissons. C’est à ce moment qu’ils sortent souriants, de la cabane à outils.
Marie a les cheveux défaits, un sourire vague. Il est surpris de la voir déjà là. Ce sont des exclamations d’accueil, des bras qui s’ouvrent et enlacent. Ce sont des yeux baissés et un menton haut, des gestes hésitants. Un parfum de trahison flotte. On s’assoit, on rapproche les chaises, on touche le genoux en offrant du café. Le vent s’engouffre dans le jardin pourtant protégé, il fait frémir les feuilles dans l’arbre et le tas de papier sur table. Une paume claque sur le tas, l’empêchant de se disperser. On y pose une tasse, croyant réparer, mais sans penser aux dégats. Le café lentement tâche le papier. On ne peut pas revenir en arrière.