Je pense aller bien aujourd’hui, j’ai travaillé sur une partition et écouté de la musique. Que se passe-t-il ? Je ressens un état singulier. Mon visage se crispe, devient gris. Clignotements multiples de mes yeux | mouvements presque imperceptibles sur mes joues | tremblement de mes lèvres. Je viens de tomber |ma chute est amortie par le canapé sur lequel je m’affale. – Lorsqu’il revient à lui il ignore la durée de sa syncope. Bascule d’un temps conscient à un état d’inconscience, que contiennent toutes ces minutes, toutes ces heures – Je suis seul là en ouvrant les yeux il me semble revenir à la vie alors qu’insensiblement elle s’éloigne de moi. J’avance vers la terrasse avec lenteur et maladresse | je m’installe dans un mouvement désordonné sur la chaise longue | je retiens mon souffle | j’allonge mes jambes amaigries | je respire lentement | j’attache mon regard au palmier totem qui capte chaque jour mon attention. Je parviens à m’y relier encore comme Ulysse sur son bateau, j’entends les musiques lointaines de la mort si proche mais je tiens bon encore. Je reste là des heures sans rien faire | puis je me lève avec effort | pénètre à pas heurtés dans la pièce | m’installe devant mon piano et joue sans cesse la même note. Chaque son est un univers que j’essaie depuis toujours de capter. Mon oreille se transforme à chaque répétition, je traverse d’autres mondes ordonnés ou chaotiques. Soudain j’entends comme des sifflements des grondements en moi des sons stridents des éructations. Voix ultimes de mon corps. J’ausculte les sons j’ausculte mon corps, mon esprit. – Sa voix est basse, prononce des mots indistincts. Il se lève, son corps se recroqueville il avance une nouvelle fois vers la terrasse quitte la ligne droite qui ne l’a jamais fasciné et suit une trajectoire lente en spirale, un pas en avant en arrière retour en avant un peu plus haut et ainsi de suite. Que fait le son aujourd’hui quand il touche mes cheveux, mes mains déformées ? J’entends une accumulation violente d’accords insolites. Je vais tomber| Je m’écroule. Le sol est froid. L’heure crépusculaire s’intensifie la nuit s’installe le nombre d’étoiles ne cesse de grandir. Il fixe son regard bleu près de Sirius. Les sons de la nuit entourent son corps inerte.
ça m’a fait penser à la Mort de Virgile de Herman Broch, du moins du souvenir que j’ai de cette lecture
je revois le cheminement en civière à travers la ville basse…
et je ressens ton texte un peu comme cela, cette avancée inéluctable vers la fin
Livre à relire .
je l’avais oublié. Vais y retourner. Souvenir d’un grand
livre difficile et poétique.
merci de ton passage Françoise