(…) 2h du matin, calme dans l’appartement, elle s’est réveillée, elle lit sur leur lit. Tout à coup derrière la porte d’entrée, bruit sec et sonore, cliquetis d’un trousseau de clés, bruit sec et sonore, silence. A partir de maintenant il va essayer d’être discret, la main tâte, choisit la bonne clé, silence, les doigts positionnent la clé dans le bon sens et face au trou, faire le moins de bruit possible, léger cliquetis, silence, la main s’avance vers la serrure, silence, bien appliqué il introduit la clé, bruits métalliques, bruit sec et sonore, la clé se loge exactement dans le barillet, cricrac cricrac cricrac, il tourne la clé plusieurs fois dans la serrure, la porte s’ouvre, grincement, couinement, il sursaute, il est surpris, il n’avait pas prévu ces bruits là, une nausée l’envahit. Un raie de lumière venant du palier éclaire l’appartement plongé dans l’obscurité, il entre sur la pointe des pieds et referme la porte en un temps interminable, au moins 4 minutes, c’est long pour refermer une porte à peine ouverte, il contrôle chaque grincement, chaque couinement, il paraît qu’un bruit toutes les 30 secondes n’éveille pas les soupçons. Suant, inquiet, coupable, contracté, concentré, les doigts crispés sur la pognée il la garde tournée pour faire entrer le loquet et le laisser revenir doucement à sa place avant de délicatement, tout relâcher. Dans la chambre, elle ne lit plus, elle regarde droit devant, dans le vide, elle est immobile, elle semble écouter avec les yeux, les oreilles. Immobile, pas un geste. Pourtant son cœur s’emballe, se fracasse dans sa poitrine, sa respiration se dérègle, son sang bout, oppression, étouffement, engourdissements, souffle court. Immobile, pas un geste, immobile pas un geste. Quel calme, le chaos est pourtant si proche! (…)
