Copie :
Je n’offre aucune ombre, je suis l’ombre, cette ombre qu’on dit insane. Passez votre chemin ! Mes feuilles larmes sont tombées, sèches, depuis loin. Pliez vos mouchoirs ! La taille de mon tronc vous écrase de toute sa contre-plongée. Alors, s’il vous plaît, laissez tomber vos haches et vos cognées. Ma circonférence séculaire vous épuisera. Rangez vos précis de dendrochronologie ! Mon écorce cuirasse fera sauter les dents de vos engins. Arrêtez vos tronçonneuses ! Ma peau fossile a connu les déserts. Soufflez-vos flambeaux ! Ma peau écaille écorchera vos mains. Ne tentez pas de vous agripper ! Mes branches crabes, j’en ai quatre, vont vous déchiqueter. Gardez vos distances ! Mes branches tentacules, j’en ai quatre, vont vous broyer. Pensez à vos os ! Bestioles et saisons m’évitent. Faites comme elles ! Mes branches rasoirs, j’en ai quatre, tailladent le ciel qui toujours de rouge inonde autour de moi. Je viens des grands bois, des grands bois sombres du dessous de la terre où rampent les cauchemars de vos morts. Ils remontent par mes racines, irriguent ma sève puis s’échappent dedans vos nuits. Arbre majestueux des souffrances, enraciné solide.
Source : https://www.tierslivre.net/ateliers/autobiographies-3-arbre-de-a/
Recopie avec note :
Je n’offre aucune ombre – malveillante celle du noyer, pourquoi ?– je suis l’ombre, cette ombre qu’on dit insane – ce mot, lu chez Volodine, pour dire le refus du bon sens dégoulinant – Passez votre chemin ! – pénibles ces points d’exclamation – La taille de mon tronc vous écrase de toute sa contre-plongée – un arbre seul, ça peut faire peur ?– Alors, s’il vous plaît, laissez tomber vos haches et vos cognées – ces dernières pour faire un peu médiéval mais ne servent à rien ici – Ma circonférence séculaire vous épuisera – circonférence + séculaire = circulaire, comme la scie et puis cette mode d’enlacer un arbre là, pas possible d’en faire le tour avec les bras – Rangez vos précis de dendrochronologie – un peu lourd et long ce mot aussi, à l’enfance, fasciné de pouvoir lire le grand âge de la bûche qu’on va brûler et puis, quand les cernes se rapprochent, parfois à se toucher, ce qu’ils disent des événements climatiques endurés – Mon écorce cuirasse fera sauter les dents de vos engins. Arrêtez vos tronçonneuses ! – cette peur pour soi maladroit, d’utiliser ses engins pétaradants – Ma peau fossile a connu les déserts. – arbre oasis – Soufflez-vos flambeaux ! Ma peau écaille écorchera vos mains –arbre dinosaure, monstre antédiluvien – Ne tentez pas de vous agripper ! – ces points d’exclamation, comme injonction à l’émotion – Mes branches crabes, j’en ai quatre, – là, inspiration du dessin – vont vous déchiqueter. Gardez vos distances ! Mes branches tentacules, j’en ai quatre, vont vous broyer. Pensez à vos os ! Bestioles et saisons m’évitent – arbre basalte, arbre roc – Faites comme elles ! Mes branches rasoirs, j’en ai quatre, tailladent le ciel qui toujours de rouge inonde autour de moi. Je viens des grands bois, des grands bois sombres – les grands bois, ceux de chez Bergounioux, le petit bois de pins aussi chez Ponge, mais passé au sombre ici– du dessous de la terre où rampent les cauchemars de vos morts. – l’arbre des pendus ? – Ils remontent par mes racines, irriguent ma sève – cliché – puis s’échappent dedans vos nuits – le dedans, repris à François Bon – Arbre majestueux des souffrances, enraciné solide – arbre de mort. Suite commentaires, mettre davantage en avant le discours, la voix de l’ombre de l’arbre.
Version élaguée suite copie et recopie avec notes :
Ombre. Je suis l’ombre. L’ombre de l’arbre. L’arbre de mort. Branche fléaux, branches faux. Écorcher, pendre. Branches tentacules, branches rasoirs. Taillader, pendre. Écorce écaille. Tronc cuirasse. Feuilles larmes. Insaisissable, insane. Je viens des grands bois. Les grands bois où rampent les cauchemars de vos morts. Ombre, je souffle sur vos nuits. Ombre de souffrances, je souffle sur vos vies, loin de mon arbre, enraciné solide, arbre de mort.
Codicille : cette proposition déjà réalisée mais pour le cycle « Faire un livre ». La reprendre sous son nouveau titre de la série des Transversales et mettre en travail le texte écrit sur l’arbre pour la P3 « de l’autobiographie comme fiction ». Cette question d’après retravail à quelques mois de distance : il est fini quand le texte ? Se dire que ce n’est pas le même ou une version plus resserrée, mais peut-être un autre qui s’est écrit ?