Toucher cette rive là, est-ce cela arriver ? Courte, pour commencer brutalement. Entre deux points. Ne rien dire, entre deux points. Non séduire, mais accrocher, harponner, ferrer, intriguer.
Toucher cette rive là, est-ce cela arriver ? Manipulation de qui va lire qui n’est pas un poisson. Le respecter. L’intriguer sans complot. Pas facile. Écrire, c’est fomenter. L’interroger alors. A lui la patate chaude. Refourguer le bébé avec l’eau du bain. L’impliquer dans la conspiration. Deux ponctuations. Pas plus. Une virgule faible, un point fort d’interrogation. Le parfait de l’interrogatif est un présent.
Toucher cette rive là, est-ce cela arriver ? Poser une question, c’est d’abord commencer par ne pas répondre. Pirouette pour mise en stand by. Faut gagner du temps. Et quelle rive d’abord ? Stop ! Abusons pas. Le coup de poing d’interrogation ne sert qu’une fois.Et il n’y a que trois balles dans le barillet : assertive, interrogative, injonctive.
Toucher cette rive là, est-ce cela arriver ? Bois, cours, vole et nous mange. Impossible de tenter ça. Les corneilles volent bas cette année. Non plus. Aquila non capit muscas. Et les poissons s’en foutent des corneilles. L’idée, c’est toujours d’aller du particulier à l’universel. Cette rive là, elle est toutes les rives, toutes les histoires, tous les possibles.
Toucher cette rive là, est-ce cela arriver ? Assemblage des mots sans garantie, ni service après vente. Refiler le bébé au lecteur, oui. Encore faut-il qu’il veuille bien l’attraper. Il n’y a pas que des livres qui tombent des mains.
Toucher cette rive là, est-ce cela arriver ? Avec un tel départ, pas certain d’aller loin. Tellement abstrait le particulier que l’universel est dans le brouillard. Et j’y tiens pourtant à mon assemblage de mots. Deux ponctuations, huit mots. Pas assez exigeant, c’est vrai. Trop confiant dans la phrase qui sort toute faite. Échouer, est-ce arriver ?
Merci, c’est super, cette interrogation de la phrase – Une éclaircie !
Je ne sais pas si échouer c’est arriver, mais c’est toucher la côte, ou la rive.
Ah, oui, ces phrases qui sortent toutes faites ! Qu’est-ce qu’elles cachent ou révèlent ? Heureusement qu’on peut les interroger sans qu’elles perdent leur mystère. Merci pour cette belle interrogation !