Se redresser et marcher SABLE reprendre contact avec le sol, debout, sans but précis, suivre le fil SABLE flirt perpétuel avec la mer, inlassable SABLE ballet de marées chaque heure, chaque jour, chaque nuit, chaque seconde aussi pressante que la précédente SABLE à perte de vue des particules insaisissables, microscopiques et agglutinées, indépendantes et solidaires SABLE étendue fine, chaude qui glisse, caresse et s’émeut SABLE natte douce, aguicheuse pour le corps et l’esprit qui y trouvent repos SABLE sec qui se dérobe aux doigts qui tentent de le retenir, qui s’échappe et retourne en infinitésimaux postillons de l’univers à la longue plage, langue blanche, dorée, brune ou coquettement teintée de rose, balayée par les vents, usée par les eaux SABLE mouillé ici par la haute mer, plus frais et laissant les empreintes à leur aise, oiseaux, plantes de pied, vers, coquillages et anses de seaux SABLE compact plus facile à saisir à bâtir à creuser des rigoles, à entasser, à monter des donjons, des cités, toujours rattrapées par les éléments à l’affût SABLE constructions éphémères, palais d’un jour, marcher toujours, sentir sous les pieds chaque baie minérale, chaque éclat détaché d’une roche et livrée à l’ivresse SABLE avancer vers les dunes onduler avec elles, flatter les oyats, avoir le pas plus lent disparaître SABLE des collines poudreuses, dévaler, courir s’enfouir SABLE tourbillonne, soulevé par la tempête et se glisse partout, dans des interstices ou des plis si ténus qu’on les croyait à l’abri SABLE dans l’engrenage comme un frein, une barrière une stupeur SABLE invisible grain, une entrave SABLE dans les yeux, dans la bouche, on en mange, SABLE soudain mou, instable, noyant les issues, tirant à lui toutes les certitudes pour en nourrir le vide qu’il creuse sous lui.