1- Une adolescente enceinte fuit sa famille. Elle veut garder l’enfant et se sauve pour se construire loin de la volonté des adultes. Les obstacles sont nombreux : être étrangère et pauvre dans un foyer pour mineurs aux Pays-Bas, accoucher dans une langue qu’elle ne comprend pas. En dépit de tout ce qu’elle doit affronter, elle cherche une place où élever son enfant loin de l’héritage héréditaires inconscient. Sa sœur tente de mener l’enquête sur sa disparition. Pour elle, il n’y a pas de doute, les parents sont coupables. Mais de quoi ?
2- J’ai décrit un accouchement du point de vue de fœtus, la violence de l’arrivée au monde. Puis la cruauté sournoise d’une ville qui s’affiche comme paisible, mais sous les apparences est aussi très violente. Le trauma de la mère, femme étrangère, pauvre et aphasique. Elle se cache, refuse de donner son identité. Les autres doivent prendre la parole en son nom : travailleurs sociaux, l’administration, ou une colocataire. Récit du voyage qui l’a menée là : fuir un drame familial, la condition féminine qui la condamnerait à abandonner sa vie pour enfanter et s’occuper du foyer. Je veux parler de la condition féminine. Je veux parler d’être sans identité, sans papier, dans une société qui fait semblant d’être ouverte et accueillante. Je veux parler de la difficulté à se construire sans repères culturels. Je veux parler des conséquences des drames familiaux sur l’identité des générations suivantes.
3- J’ai de gros doutes au sujet des autres narrateurs, des voix qui s’expriment. Je n’ai pas réussi à faire L6, j’ai fait plusieurs versions sans en être satisfaite. Devrais-je faire parler les parents de la jeune fille à la place ? ou des voix venant du futur ? Devrais-je immiscer le drame familial qui la pousse à fuir ? J’ai l’impression qu’il me manque une colonne vertébrale. J’ai du mal à trancher et faire des choix de narration cohérent pour l’histoire. Dois-je rester dans cette masse/ les îlots au risque de m’égarer ? Je pense maintenant à changer L3 et créer deux voix parallèles, la sœur qui mène l’enquête dans son journal. Elle parle de la protagoniste du passé et elle cherche un coupable. Et la fille, l’enfant né à l’accouchement, c’est une voix du futur qui réussit à se dégager des traumas de sa famille parce que sa mère s’est enfuie. Elle cherche à retrouver sa famille en Espagne et enquete sur les traces de la soeur.
4- J’écris en transhumance. J’ai commencé chez moi à Amsterdam, en général les matins de 5 à 7h, assise à la table de la cuisine. Puis tout le monde se lève et je dois partir travailler. Cet été, nous avons transporté nos bureaux avec nous en Espagne et en France pour visiter nos familles. Travail, famille et écrire en Espagne : pas beaucoup de temps, mais toujours le matin. Il y a plus de possibilité de s’isoler. Maintenant en vacances, j’écris, je lis, je me baigne toute la journée. Je suis interrompue toutes les 5 minutes par mes enfants, les quelques tâches que j’oublierais presque. Je ris fort aux passages d’Éric Pessans sur la parentalité. Je ne suis pas écrivaine, seulement apprentie écrivant, je ne repousse pas mes enfants, même si je reconnais être souvent absente dans mon livre et que cela n’est pas forcément amusant pour eux.
Au sujet du Livre, je suis un peu perturbée par le texte qui n’avance pas comme je voudrais, j’ai l’impression d’être égarée. D’autant plus que je travaille prioritairement le cycle progression, puisque c’est mon premier cycle avec Francois Bon. Mais je n’ai pas pu résister aux propositions alléchantes du cycle Faire un livre, que je prétends faire en dilettante. Je suis là en clandestine, puisqu’il prévient que ça peut être dangereux pour mon écriture, mais j’ai du mal à lâcher, je ne veux/ peux pas abandonner. Je sais que je veux écrire un livre, je sais les sujets dont je veux parler (le silence de l’inceste par exemple est l’une des obsessions dont je veux me débarrasser en l’écrivant). Je me régale tellement à lire tout ce qui est ici conseillé, à écouter les débats de mes collègues, j’ai l’impression d’avoir trouvé le but de mon existence, ce qui me fait vibrer. Un grand merci à vous tous pour l’énergie de ce groupe et à Francois, sans qui rien de tout ca…
#Nouvelle tentative de L3 ou L6 – Journal d’une sœur
20-06
Ce matin Lorena n’était pas dans sa chambre quand maman a ouvert la porte. Elle est restée bouche bée devant le lit pas défait, les tas d’affaires posé sur le sol. Elle ne disait rien, ne réagissait pas. Ça m’a encore plus gênée, j’aurais aimé qu’elle gueule, qu’elle claque la porte et l’envoie au diable. Ça aurait ressemblé à la vraie vie. Encore une nouvelle connerie de ta sœur ! Mais qu’est-ce qu’elle est encore allée chercher !
Mais là, rien. Elle fixait juste la moquette, comme si elle avait vu une tâche et cherchait comment s’y prendre pour la nettoyer. Elle avait juste l’air ailleurs. Moi, je ne pouvais pas m’arrêter de bouger, c’est les nerfs, j’ai hérité ça du pater familias. J’ai ouvert les placards, les tiroirs, pour voir ce qu’elle avait emporté. Je n’ai rien trouvé de très intéressant. Je suis partie en courant dans le salon, vérifier le troisième tiroir sur la droite, celui où maman garde nos cartes d’identité et les livrets de la banque. Tout semblait en ordre. Cela m’a un peu calmé, j’ai eu même un peu honte d’avoir réagi comme ça N’empêche, je me demande vraiment où peut-elle bien être. J’ai peur.
22-06
C’est grave, Lorena n’est pas rentrée. Je ne comprends pas l’amollissement général ici. Je panique et ils sombrent dans l’amorphe. Il parait qu’il faut attendre 72h avant de déclarer une disparition. Lorena est encore mineure, mais pas pour longtemps. Dans quelques mois, ils ne pourront plus rien faire pour la faire rechercher. Je pige pas.
23-06
Maman n’est toujours pas allée à la police. Papa est au bureau comme d’habitude, j’ai l’impression qu’il y dort même, tellement qu’on ne le voit jamais à la maison. Bea a accepté de m’accompagner et je suis allée déclarer à la police. La première question qu’ils ont posé était sur les parents. Moi aussi je me pose la question de ce qu’ils peuvent bien foutre. Personne ne sait.
24-06
Pas de nouvelles de flics. Comment continuer une vie normale alors que ma sœur a disparu ? Je n’ai pas de réponse. Je passe mes journées à fumer des joints avec Bea. Son copain vient aussi