– Victor Hugo, L’homme qui rit et Les travailleurs de la mer.
Première fois qu’un livre d’école est sorti de mon cartable pour finir avec les livres qui trainaient à côté de mon lit. Lu, en entier, et relu. Lecture à voix haute par une prof passionnée, on a tous embarqué sur la Durande, mal de mer collectif, on était tous à bord. Merci à elle.
Plus tard, souvenir ému d’une nuit agitée aux Minquiers, à penser à Gilliat et à la pieuvre en attendant les Roches Douvres après Guernesey.
– Marguerite Yourcenar, Comment Wang-Fo fût sauvé.
Pour le choix de chaque mot, la construction des phrases, la grande maîtrise des codes et on se retrouve dans un conte oriental, dans la barque, avec le peintre qui part dans son tableau. Le voyage, sans le passeport.
– Baudelaire, Les fleurs du mal
Encore un souvenir d’école, encore une découverte, faire du beau avec tout, avec une charogne, avec les marins qui maltraitent un oiseau… Pour la puissance des images, pour les correspondances.
– La démonstration de l’existence de dieu. Saint Augustin, Descartes, Anselme et les autres.
Souvenir de rencontres philo-maths, discussions sur des textes d’un temps où on n’avait pas d’étiquette, et surtout pas qu’une seule. Textes importants pour moi, pas sur le fond, mais sur la forme. Réfléchir sur ce qu’on fait, mettre des mots, les chercher, les trouver, savoir qu’on les a, changer de point de vue, prendre du recul… Pour les rencontres aussi, avec d’autres sans-étiquettes-fixes.
– Joseph Conrad, La ligne d’ombre.
Pour le passage de la ligne, pour la découverte de l’épaisseur des choses. La troisième dimension. Pour le monde qui change, se complexifie, devient plus dense au fur et à mesure du livre, du futile au profond, mais doucement, tranquillement, ça se construit sans à coup, sans spectacle. Une claque qui laisse des marques, pas sur la joue mais dans la tête.
– Cervantes, Don Quichotte
Pour les moulins à vent, évidemment. Mais surtout pour l’amoureux des livres, pour les histoires dans les histoires, pour les grimaces de Sancho qui cachent la profondeur. Pour la construction, les assemblages sans clou ni vis, toujours aussi solides.
– Italo Calvino, Sous le soleil jaguar
Pour l’essence des sens, malgré les deux qui manquent, hélas
– Pierre Desproges, Chroniques de la haine ordinaire
Pour les chutes de ces textes et pour leur écriture.
– Blaise Cendrars, La main coupée
Commencé pour le titre, gardé pour les portraits, leur matière, leur forme, leurs couleurs, surtout ceux du début.
– François Place, l’Atlas des géographes d’Orbae.
Pour les mondes qu’il fait naître, le voyage, l’ailleurs, les cartes. Pour l’humanité des personnages dans leur irréalité. Et aussi pour les dessins…
– Hugo Pratt, La ballade de la mer salée
Pour les deux ailes de la « ballade », et la balade, bien sûr. Et pour Corto qui, depuis son cadre, a jeté un œil le premier par-dessus mon épaule quand j’ai commencé à écrire plus loin que les devoirs d’école.
Oui, La ligne d’ombre… oh oui, Pratt avec les deux bal/lades…
j’adhère à ton joli choix…
Merci pour ta lecture, Françoise, bientôt plus de temps, pour vous lire aussi tous… ça me manque les lectures, retard sur les textes aussi…
Bientôt plus tranquille 😉