#comme | je te souris comme

je te souris comme une caméra de surveillance sa focale aux aguets
je te souris comme un centre commercial aux premières lueurs des soldes
je te souris comme un joker aux lèvres écorchées
je te souris comme une tête de gondole aux dents cariées
je te souris comme une corde à sauter les pieds emmêlés
je te souris comme un museau de chat en l’air suspendu
je te souris comme une bouche de métro avalant des corps détrempés
je te souris comme un camion poubelle avant de te broyer 
je te souris comme un canard en plastique dans un tourniquet d’eau
je te souris comme un vendeur de viennoiseries trop grasses
je te souris comme une poignée de main te retient dans ses doigts
je te souris comme une DRH dit Parlez-moi de vous     
je te souris comme un chien qui a rapporté une balle        
je te souris comme une sirène sur un tapis de fakir    
je te souris comme un soleil qui éclate dans le ciel

A propos de Muriel Boussarie

Je travaille sur un chantier d’écriture au long cours et j’espère avoir assez de souffle pour le mener à terme. L’intuition de ce projet a surgi ici, dans un atelier du Tiers Livre. Il était question de se perdre dans la ville. Comme je ne voulais pas suivre une piste trop autobiographique, j’ai délocalisé l’errance en la situant dans la ville de K., un avatar de Hong Kong qui m’avait tant fascinée. Alors un personnage, un homme, Tu, toujours interpellé, est immédiatement apparu dans une rue de K. où il s’était égaré. Malgré cette entrée en matière – très forte pour moi – je n’ai pas pensé au départ écrire une histoire, encore moins un livre. Mais je voulais écrire, rêver un univers, celui de K. Quelques textes ont ainsi vu le jour sur mon blog. Puis lors d’un nouvel atelier de François Bon, un fil d’histoire plus précis s’est ébauché : le départ de Tu et L. vers les îles pour fuir la dictature qui sévit à K. À ce moment-là s’est déclenché un grand désir de narration. Beaucoup de choses se sont précisées au fil de l’écriture, bien des personnages sont apparus… Et régulièrement j’utilise des consignes de l’atelier comme pistes pour développer mon récit.

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