J’aime tellement qu’on me raconte des histoires, qu’on me parle vrai sur le monde et les gens que je ne reste qu’inconsciemment attentive à la forme et à la langue. Duras est un bon exemple de mon dilemme. Duras des histoires et Duras de la forme, du coup j’aime les deux et surtout ses films (et/ou ses acteurs et actrices) mais me serai-je intéressée à l’un sans l’autre ? Chacun son histoire avec les livres : oserai-je avouer que j’ai acheté La vie, mode d’emploi au moment de sa parution après avoir lu et aimé Les choses, mais que je ne l’ai jamais lu et pourtant Perec reste là, important, inspirant ? Pire, quand la forme éloigne du fond, Céline parfois
Il me semble aussi que j’étais plus exigeante autrefois dans mes choix de lectures que je ne le suis aujourd’hui. Profusion, envie de lire ce dont on parle, absence de critiques auxquels on peut se fier, pas d’auteur que j’ai envie de suivre… Un peu perdue désormais, une des raisons de ma fidélité au TiersLivre.
Voilà ce qui me vient de mes émotions de lectrice :
Nuno de Nazaré de …. et Le vieil homme et la mer d’Hemingway, lus par mon père quand j’étais enfant
- L’odyssée d’ Homère : Des souvenirs de lecture en cours de grec, amoureuse d’Ulysse, jalouse de Nausicaa, du soleil, de la mer. Un réservoir d’histoires à raconter débordantes de sensualité comme l’a fait Madeline Miller dans Le chant d’Achille.
- Noces de Camus : le soleil, une prof de français dérangeante qui rentrait d’Algérie et faisait vibrer le texte de toute son histoire avec l’Algérie perdue
- Pour qui sonne le glas d’Hemingway, premières émotions érotiques
- Nord de Céline : Un collègue de bureau qui ne lisait que Céline, pouvait en parler des heures et me l’a fait lire. Séduite par le débit, la colère, l’arrogance, le mystère de sa vie.
- Bel ami de Maupassant : Les colonies, les chemins de fer, la politique . Une vision du monde parfaitement désabusée, distanciée. la parfaite alternance d’imparfait et de passé simple. Il m’a intoxiquée avec sa belle écriture et ses nouvelles.
- Lewis et Irène et New York de Paul Morand, le premier choc avec une autre manière d’écrire : phrases nominales, commencer par un dialogue
- à la découverte de la France, à la rencontre des autres de Simenon : l’écriture ça s’apprend patiemment et quand on est doué on comprend, des milliers d’observations fines, précises, techniques qui font voir, sentir, entendre dans une langue vive, directe.
- Colette et Cendrars : lus il y a longtemps, souvenirs de forte impression, mais incapable de préciser. Vies aventureuses et libres
- Histoire de ma vie et tout de George Sand : l’utilisation de tout ce qui t’arrive, de partout où tu voyages, de toutes les histoires qu’on te raconte. Tout lui fait histoire à raconter.
- Le temps retrouvé de Proust : la sensibilité à la nature (qui parle et connaît l’explosion des aubépines au printemps?) . Dire les enjeux souterrains qui modifient les sociétés sans les aborder de front (la guerre)
- tout Balzac : ce que doit Balzac à l’époque dans laquelle il a vécu est indéniable et forme une remarquable matière romanesque qu’il fait vivre à travers ses personnages (souvenirs de l’ancien régime, souvenirs de la révolution, Napoléon, restauration), sa sensibilité aux histoires d’argent et aux problématiques féminines. Comme Piketty, Titiou Lecoq, et de nombreux cinéastes je le trouve indépassé, même si la forme est parfois surannée et longuette.
- La promenade au phare et Mrs Dalloway et le journal de Virginia Wolf : faire attention autant au dedans qu’au dehors. Observer sans cesse
- faire un feu de Jack London : : aventure et finesse de la description, j’aimerais tant un jour lire ses nouvelles de Hawaï
- Le ciel de Bay city, ça va aller de Catherine Mavrikakis être prof d’université et avoir vécu dans la marge et en parler, le Québec qui n’a pas honte de sa littérature
- Détroit, dit-elle de Marianne Rubinstein : la résonance entre histoire personnelle et marche du monde
- Les grands cerfs de Claudie Huntzinger : une façon de vivre et une passion pour la nature
- Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier de Modiano : longtemps ignoré avant de plonger avec délice dans le flou, le gris, la quête et l’enquête.
- L’abattoir de verre de Coetzee et Mc Ewan (L’intérêt de l’enfant): faire percevoir l’extrême violence sans gesticulations verbales
- de Colin Niel (Seules les bêtes) et DOA(Puktu) et Caryl Ferey (Norislk) : le lointain ça me porte, mais il peut-être à côté de chez soi
- Quelque chose à te dire d’Hanif Kureishi et de V.S. Naipaul (A la courbe du fleuve): l’exil, le choc des cultures, le choc des histoires de vie
- Judas d’Amos Oz : les espoirs déçus, le choc politique, les ermites, les isolés volontaires
- Il faudrait dire aussi tout le mal que nous font les mauvais livres : personnages archétypaux et caricaturaux, intrigues convenues et/ou volontairement choquantes, brutales, irréalistes, forme linéaire ou artificiellement bousculée. Voir mes critiques sur Babelio si vous voulez en savoir plus.https://www.babelio.com/mabibliotheque.php
oh, je crois que je viens de trouver ma proposition #5…
contente de donner des idées…à défaut d’en avoir