en réalité il y en a partout –
dans les quartiers populaires surtout et définitivement –
c’est assez vulgaire si tu veux savoir, c’est un peu comme manger dans la rue c’est honnis du bourgeois –
ça se tient mal, ça s’épand, ça dégouline ça mange avec les mains ça trempe dans la sauce
(les frères Jacques ont chanté un peu cette affaire-là, mais pour eux, c’était dans le cadre du domicile et du petit déjeuner) (un quatuor)
(ou du dessert) –
marchons avec le type, dans toutes les villes on peut en croiser, avec son pantalon neuf, sans son sac laissé dans la chambre, aux abords des gares évidemment, mais un peu partout aussi
– quand les gens ont besoin de manger quelque chose de chaud vite mais pas trop
– on doit s’asseoir c’est mieux – sauf quand on ne prend que l’accompagnement (c’est son cas) (au type, là, dans la rue, huit heures du soir) (ça ouvre pour midi, ça ferme vers minuit -enfin ici)
– dans le temps on mettait ça dans un cornet (papier journal roulé en forme de cône)
– dans le nord on les mange avec du vinaigre (de la moutarde, c’est aussi bien)
– devant la cité scolaire, il y avait l’été en mai ou juin disons des glaces et l’hiver vers novembre ce marchand de frites qui se nommait Diaz (parfaitement) on n’avait guère le droit (ni les moyens) d’y aller
– il y avait aussi, parfois, des marrons, mais c’est moins certain (c’est plus au coin du faubourg qu’on en trouve, des marrons, aujourd’hui) (ou des épis de maïs)
– street food truck food junk food – mais pour les officines d’ici, ce qui est assez joli (c’est l’une des raisons ayant prévalu à l’établissement de cette série disons)
(au feu de bois, cette blague…) ce sont les intitulés qui reprennent souvent des noms de régions, quartiers, villes bien sûr puisque (à ce qu’il semble mais il faudrait se renseigner plus avant) ça vient de là-bas
(j’aime beaucoup ce »là-bas » qui va avec à peu près partout) (Byzance, Constantinople – la Grande ou la Sublime Porte…)
– il s’agit d’une façon, une manière, un main même, de faire cuire la viande (de l’agneau, très souvent)
(après il y a certains lieux où on trouvera de ces espèces de grillades en forme de feuilles de poulets ou autres) (on ne veut pas trop savoir comment ces choses-là non plus sont préparées)
– peut-être turque ou alors grecque ou alors levantine ou libanaise
syrienne jordanienne qui peut savoir – en tout cas par là
– pas certain qu’on en trouve dans le Mahgreb (ça veut dire le couchant) – plus au Machrek (le levant ou l’orient)
– c’est difficile de le savoir sans y aller (pour ma part, c’est plutôt compromis) (je n’ai pas le pedigree)
– on ne cherchera pas trop dans les diverses façons de produire ces sortes de cylindres (comme ils sont cuits en tournant, suivant un axe vertical, on leur accole parfois le mot de « doner » qui réfère à cette rotation)
(il y en a plus dans les années présentes, pas à l’époque où le type se balade son cornet à la main) c’est accompagné parfois, outre le principale, le nécessaire et le pratiquement obligatoire, d’un piment grillé (il faut le repérer, le voir et le demander) (gaffe parce que ça arrache grâââve)
– il marche tout en mangeant, il peut penser à Francis Lemarque qui lui aussi pratiquait de la même manière en venant à pied de sa banlieue (sur la Marne, je ne sais plus exactement) (La Varenne-Saint-Hillaire)
s’en achetait un cornet porte de Charenton puis suivait les quais pour aller je ne sais où vers Bastille sûrement
(ou seulement peut-être) (vu qu’il y a vécu pour y être né (enfance très heureuse dit-il) rue de Lappe)
(c’est dans le onze – bal musettes et Balajo)
(il en a fait une chanson d’ailleurs)
(le temps encore plus antérieur des arsouilles apaches voyous et mauvais garçons – Casque d’Or (ah Simone…)
– les blousons noirs les garçons-bouchers par extension et plus tard)
(je m’égare)
– on peut voir une espèce de guirlande allumée, le feu signifié en dessous
possiblement clignotant,
ce ne sont pas des néons mais ce qui se nomme LED comme leur nom l’indique au son
– ce n’est pas vraiment moche peut-être mais enfin ça n’a rien d’attrayant non plus, disons que ça se repère dans toutes les langues (on signifie les flammes et le feu en dessous de la viande, bizarrement puisque la cuisson s’effectue sur la hauteur du bazar) (ça doit avoir un nom)
– après il peut aussi y avoir autre chose à y manger (mais moins à emporter – souvent couplé à la pizza)
– si on emporte – des merguez, de la viande hachée, du poulet mariné, ce genre de trucs – le plein de protéines – et de gras, je reconnais) (de nos jours on trouvera aussi des plats
végétariens car on sait s’adapter à la demande) – on y met de la salade tomates oignons (au choix, crus les trois – on peut opter pour deux seulement on dit « sans oignon » ou l’un d’entre eux seulement, deux sur trois)
ici comme on voit deux ou trois tableaux grec/turc/halal (lequel dernier mot réfère à une conformité particulière) (chez les Juifs, le beth din (tribunal religieux) peut passer par là mêmement pour leurs falafels – des injonctions, et sur l’alimentaire en particulier) (la plaie de la religion (comme celle de la guerre ou des armées) n’est jamais cicatrisée comme on sait)
– ça s’agrémente d’une sauce (c’est compris dans le bazar)
(si tu n’en veux pas tu dis « non merci » et on te regarde d’un drôle d’air)
(on s’en fout c’est vrai aussi, chacun ses couleurs et ses goûts on ne va pas commencer à discuter, on a autre chose à faire, il y a du monde derrière)
(il y a toujours du monde) – algérienne blanche harissa samouraï mayonnaise (il y en a d’autres je crois bien)
– on te demande tu peux en avoir deux (on te gratifiera d’un drôle de regard)
– on te pose la question aussi si tu n’achètes que l’accompagnement comme le type, là (en général il entre
il fait comme ça « deux euros de frites siouplaît » (le type s’exprime en français)
de deux choses l’une : soit le type qui tranche dans le kebab opine du chef sans rien dire
soit il fait « naaaaan c’est deux cinquante (ou trois, mais juste pour emmerder le monde) (on aime négocier) (on s’amuse) « allez deux… » (sourire) (on se marre aussi – le type le sait – il aime aussi rire sauf s’il est mal luné, ou mal autre chose si tu vois) (restons courtois)
on s’en fout, on rit, on s’adapte « kelssosse ? » (o ouvert steuplé)
on répond, on a claqué la pièce sur la vitre, on prend on s’en va, un signe de la tête (on reviendra ou pas, c’est selon – on s’en fiche, c’est chaud, un peu d’harissa, on mange on marche) il fait beau et la vie est belle
à la réflexion, et revoyant ces images, une série est une série et elle n’est pas close, il y a sans doute un peu plus d’officines turques que de grecques mais cette façon de préparer la viande (les grec.ques aiment aussi les brochettes qu’ils (ou elles) appellent souvlakis) leur est semblable – l’apparition des Kurdes (moi, je me souviens de la rue Lafayette quand on me parle des Kurdes) est aussi certainement liée aux événements (comme on disait ici dans les années soixante) (on aimait à parler de pacification) on est juste ce qu’on mange
Merci, Piero, pour les photos. Je n’ai pas encore lu les textes, car les photos m’ont donné faim. (ça tombe bien, je suis en pleine procrastination/ résistance sur la P3, et voici un motif nouveau pour ne pas écrire : descendre au kebab, seulement voilà, je ne peux pas, car par chez nous, Place des Fêtes, on a dépouillé dimanche et maintenant on a la fièvre, – quoique deux doubles vaccinés, mais il paraît que ça arrive, et du reste, c’est arrivé à notre docteur – on est descendu faire son PCR au matin et là on attend les résultats.) Mon seul regret sur les photos : on descend de Belleville vers le 11eme, si je ne m’abuse, et j’espérais beaucoup voir les deux nôtres, trottoir 19e entre Jourdain et Belleville, puis le Régal, Place des Fêtes – adresse qui n’existe pas, même si la place existe bel et bien – puisque précisément je ne peux pas sortir.
Bref, je m’égare ; merci Piero d’avoir donné 2 motif supplémentaires à ma procrastination sur la P3 : 1) la faim, l’assouvir ? avec quoi ? aucun mouton à l’horizon, seulement le chat…2) conflit moral, civique, sanitaire entre l’isolement que je dois tenir et l’envie de kebab, là juste en bas.
Demain, je lis le texte, promis.
Merci, Piero pour cet inventaire ! J’ai bien reconnu le « Vitamin » du début de la rue d’Avron et le « Bosphore » au métro Buzenval. À mon sens, il manque juste à cette exploration très très complète l’incontournable « Buffet Dost » à l’angle des rues d’Avron et des Pyrénées où le pain est préparé en continu, les légumes détaillés à la demande et le kebab succulent préparé chaque matin par les cuistots.
Très chouette cette ballade ! Merci ! Moi j’irai bien au restoistambul. Super la photo !
Et cours de langue et de manières de table (si on peut dire), un beau voyage. Merci.
Quand j’ai vu la série de photos dans l’interface WordPress du Tiers Livre j’ai tout de suite pensé à toi. Belle promenade qui invite au voyage, avec une tendresse particulière pour le « Pyrénées Kebab. »
merci à vous toutes et tous (et bonne suite)
Pas choisi la meilleure heure pour lire le texte et re-regarder les photos. Voyagée du coup bien plus loin que 11, 19,20. Merci, Piero, « pour la plaie de la religion (comme celle de la guerre ou des armées) n’est jamais cicatrisée comme on sait) », pour « (on s’en fout c’est vrai aussi, chacun ses couleurs et ses goûts on ne va pas commencer à discuter, on a autre chose à faire, il y a du monde derrière ») parce que c’est vrai. Légère inquiétude sur le devenir de l’enfant sur la table disparue à la seconde photo (pas remarquée à première vision.) Merci pour la série ouverte, le texte comme les photos, ouverte autant que les parenthèses sont fermées (comment tu fais avec les parenthèses dans les parenthèses pour rien oublier de refermer ? Ai essayé, à chaque fois, j’en oublie une, ça fait plein de courants d’air. Quoique, pas grave, en fait, pour le covid, pour la saison, les courants d’air, c’est bon.)
@Agathe Derosa : (on est content de voir que les gens* lisent) (merci à toi Agathe) la petite fille n’a pas été kidnapée, sa mère (ou quelqu’un comme ça) l’a prise sous le bras, et l’a emmenée (au bain, je suppose : c’était vers 7 et demie le soir, on allait au Louxor – voir quoi,c’est impossible sauf à chercher…) (c’est rue du faubourg Poissonnière, je me souviens) (très important, les courants d’air… :°))
(*) rien ne m’insupporte plus que lorsqu’on emploie « les gens » et pourtant, vois-tu… quel cataplasme que l’écriture…
Trop bizarre – quelle catapulte que l’écriture, Piero – après contournement de ma résistance, ai commencé à écrire P3 hier et ça s’appelle « Chez ces gens-là… »
Bonjour Piero, je me souviens j’avais beaucoup aimé votre texte aussi avec les très chouettes photos belle idée – me rappellent bien Marseille!- et le slang le parlé de la rue les gestes les visages le fluide de la marche en mangeant léger! Oh yé:)))
merci sandrine trop gentille (un salut à la Salute pour moi) (per piacere) (grazie mille)