Un bus qui ralentit et s’arrête. Avec un bruit de soufflet une porte qui s’ouvre sur le froid. Personne ne descend personne ne monte. Dans le bus un gros sac qui l’empêche de s’asseoir d’aplomb. La vitre est pleine de buée. Gouttes de pluie agglutinées, noir de la rue déserte. Elle se lève, perd l’équilibre par un soubresaut du bus. Signal du prochain arrêt. Bourrasque qui la prend de plein fouet dans la rue, épaules courbées tête baissée yeux rivés sur le trottoir noyé. Tordue par le poids du sac sur lequel elle trébuche — un sac à roulette, c’est mieux mais rouler dans la pisse de chien ce n’est pas bien. Elle renifle la goutte d’eau qui lui tombe sur le nez — dans la poche il n‘y a que son ticket de bus. Encore quelques pas. Tant pis pour le sac, il traine par terre. Sale temps dans ce pays. Enfin un hôtel, Bella Vista. Personne pour l’accueillir, elle appelle. Un homme arrive emmitouflé dans un anorak : allure d’une bouée trop gonflée ballotée par les vagues. Il s’adresse à elle par « ma p’tite dame ». Elle ne trouve pas les mots pour lui renvoyer qu’elle n’a rien d’une p’tite dame. Non, elle n’a pas la feuille de la réservation… Non ce n’est pas son nom… Et non, son nom, ce n’est pas un nom d’ici… En deux mots, c’est ça. Elle hésite sur la date de naissance. Il la regarde avec insistance. Alors un passeport ? Non elle n’a pas de passeport. Quelque chose pour prouver l’identité ? Demain. Ce soir, il lui faut un lit. Chambre tranquille avec vue sur la mer. Impératif. Durée du séjour ? Pas sûre, pour l’instant trempée jusqu’au squelette. Vraiment pas de papiers ? Sûrement quelque chose, bruit de fermeture éclair, elle sort du sac une paire de chaussures, une robe fripée, un soutien gorge, un slip, un short, un livre, un autre livre. Finalement elle renverse le contenu du sac par terre. Dans une poche de veste, un papier délavé, préalablement mouillé puis séché. Elle le pose sur le bureau. Voilà. Il ajuste ses lunettes. Le nom est illisible vous savez ! Elle sait.
ça commence bien, mais rien n’est perdu il y a le nom de l’hôtel – sérieusement ambiance bien plantée
et oui… je n’arrive pas à me fixer sur un lieu précis, alors des hôtels Bella Vista… il y en a partout! et des vues sur la mer aussi. La fenêtre reste ouverte…
Par le rythme des phrases, une tonalité qui crée tout un univers très attachant… m’a fait pensé un peu au film « La Fée » de Dominique Abel et Fiona Gordon.
Je ne connaissais pas le film, j’ai été voir le trailer, merci, ça me donne envie de le voir
On sent que les bourrasques de la vie, elle y est habituée ! Et on aimerait bien savoir laquelle l’a fait échouer du côté de cet hôtel au nom prometteur qui va peut-être la sortir d’une sorte d’effacement, lui rendre une forme de visibilité et qui sait, son identité. Beau début en tout cas.
pour tout avouer… moi aussi j’ai envie de savoir comment elle se trouve là!! Dedans dehors…les jours de pluie tout est embué…
Que sait-elle ? Impatiente de la suite
Bonjour, un début plein d’interrogations… très mystérieux… hate de connaître la suite et l’adresse exacte de cet hôtel.
adresse de l’hôtel, dans une ville dont j’ai oublié le nom, sur une île proche de l’antarctique qui a dérivée vers les côtes bretonnes puis s’est fossilisée dans le rues de Paris pour être ensuite propulsée par un déménagement dans le jardin de ma grand-mère; Bella Vista c’est tout ce que je sais Bella Vista à l’intérieur ou à l’extérieur….???